Wagner, les tentacules africaines

19 septembre 2022

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En Afrique, l’instabilité politique et les défaillances sécuritaires aux sources diverses des pays sont une aubaine pour les sociétés paramilitaires privées, qui offrent leur service aux plus offrants, tout en agissant dans la plus grande discrétion. Ces dernières années, l’une d’entre elles s’est particulièrement illustrée par son expansion rapide, au grand dam des puissances occidentales à qui elle est même parvenue à faire de l’ombre.

Actif depuis de nombreuses années dans le monde notamment lors de l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, en Syrie, et en Afrique, le groupe Wagner s’est érigé en seulement quelques années en un concurrent direct des puissances occidentales dont la France.

Selon une enquête menée par la BBC, le groupe Wagner serait né de l’initiative de deux hommes dont un ancien officier de l’armée Russe, vétéran des guerres de Tchétchénie, ancien officier des forces spéciales et lieutenant-colonel du GRU, le service de renseignement militaire russe, Dimitri Utkin, et celui appelé communément « l’Ombre de Poutine » ou encore « le chef de Poutine » Evgueni Prigojine, oligarque russe qui a fait fortune grâce à ses restaurants.

C’est d’abord en Libye en 2016 que le groupe Wagner a posé valises sur le continent africain en soutien aux forces loyales au général Khalifa Haftar. A cette occasion, ce sont plus de 1000 mercenaires du groupe qui ont contribué à la progression du régime de Haftar vers la capitale Tripoli pour affronter le gouvernement officiel en place, jusqu’en 2019.

Si le groupe Wagner est une des SMP ( société militaire privée ) les plus connues et une des plus actives au monde, elle reste cependant très énigmatique. Comme l’explique Tracey German, professeur de conflits et de sécurité au King’s College de Londres :  » Diriger une armée de mercenaires est contraire à la constitution russe. Cependant, Wagner fournit au gouvernement une force qui est indéniable. Wagner peut s’impliquer à l’étranger et le Kremlin peut dire : cela n’a rien à voir avec nous. »

Effectivement, le gouvernement Russe a toujours nié une quelconque implication avec la société militaire. Toutefois, grâce aux enquêtes menées par la BBC qui ont permis notamment de lever le voile sur les hommes forts à la tête de cette organisation, il a été découvert que le groupe Wagner a sa base d’entraînement à Mol’kino, dans le sud de la Russie, près d’une base de l’armée russe.

Sur la base d’un accord signé entre le gouvernement centrafricain et la Russie, d’importants stocks d’armes ont été acheminés vers Bangui avec en plus des instructeurs russes venus pour apporter leur expertise. Dans le même temps, des sources indiquent que cette arrivée des militaires russes a servi de couverture pour faire entrer sur le sol centrafricain des agents liés au groupe Wagner et qu’ils y ont même installé leur première base d’influence sur le continent africain, composée de plus de 2500 hommes. Les agissements du groupe Wagner jusqu’alors secrets ont commencé à alerter la communauté internationale en 2019 lorsque des soupçons ont émergé quant à une présumée participation à des actes de violations des droits de l’homme.

Informée, l’ONU a donc décidé d’ouvrir une enquête sur les actes de tortures qui auraient été commis par les membres du groupe Wagner.

Son rôle jusque-là secondaire, a pris une autre dimension lorsque ses membres ont commencé à agir avec une plus grande autonomie sans les forces étatiques centrafricaines.

Sur l’ensemble des faits de violence politique recensés par ACLED (Armed Conflict Location and Event Data) entre décembre 2020 et mai 2022 en RCA, près de 40% auraient vu la participation du groupe Wagner.

Pendant cette période, les mercenaires du groupe se seraient livrés à des faits de violence politique dans toutes les préfectures de la RCA, à l’exception du Haut-Mbomou et de la Sangha-Mbaéré.

Après la Libye et la RCA, c’est maintenant au tour du Mali d’abriter le théâtre des activités du groupe Wagner. En effet, des soldats de la société militaire privée russe ont été engagés par le gouvernement malien en vue d’assurer une protection contre les groupes islamistes. En Mars 2022, des opérations menées par l’armée malienne et les forces du groupe Wagner auraient fait de 200 à 400 victimes parmi lesquelles des civils et des enfants dans le village de Moura, au centre du Mali.

Le gouvernement Malien a affirmé que cette attaque se situe dans le cadre d’une opération antiterroriste dans la région, niant de façon catégorique l’implication des forces russes de Wagner, ce que démentent les services de renseignements français, américains et britanniques, qui auraient collectés des informations contraires à l’aide de drones et de satellites qui parcourent la zone.

Également présent au Soudan où il a été cité dans une affaire de mines d’or, le groupe est soupçonné d’avoir été impliqué au Burkina, en RDC… Jusqu’où ira-t-il ? Et surtout quel impact futur dans le cadre des relations internationales ?

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