VENTE DE « MEDICAMENTS » DANS LES TRANSPORTS EN COMMUN EN CI

On a presque tous une fois emprunté les véhicules de transport en commun, soit pour voyager, soit pour se rendre au travail ou à l’école, soit pour un quelconque déplacement en ville. Bref, on a presque tous été en contact avec les vendeurs ambulants de médicaments que ce soit dans les bus, les minicars appelés communément gbakas ou les compagnies de transport routier (UTB, SBTA, AVS, etc.).

Ces hommes et femmes pour la plupart se lèvent tôt le matin pour vaquer à leurs occupations aux 4 coins d’Abidjan. Munis de leurs produits et parfois de prospectus, ils n’hésitent pas à se présenter à n’importe qui qu’ils croiraient capables d’acheter leurs produits. De Yopougon à Port-Bouët en passant par Adjamé, Abobo ou Koumassi, ces commerçants sont présents à de nombreuses rues et dans les transports publics. Ils sont également dans toutes les compagnies de transport routier sur l’axe Abidjan-Yamoussoukro (et bien d’autres) où ils vendent leurs « médicaments ». 

D’une simple pâte dentifrice contre les caries dentaires à un médicament capable de guérir le cancer, nos marchands ont la solution à tout problème lié à la santé. Pourtant, ils ne sont pas reconnus par l’Etat ; enfin, pas officiellement. Plusieurs personnes se demandent donc si cette pratique ne constitue pas un danger pour la société. Autour de ce débat, les avis sont partagés. Pour creuser, nous sommes allés à la rencontre de professionnels de la santé, de commerçants ambulants et de la population cible.

La vente de médicaments dans les transports en commun est devenue une situation assez préoccupante pour les professionnels de la santé. Pour ces derniers, les médicaments doivent être délivrés uniquement dans les officines reconnues par l’Etat sous prescription médicale. Toute vente de médicaments non réglementée expose à des conséquences graves en rapport avec une atteinte de certains organes nobles de l’organisme tels que le foie ou les reins. 

En effet, ces deux organes sont les seuls responsables de l’épuration des déchets de l’organisme. Une posologie non adaptée, un dosage trop élevé, une contre-indication méconnue sont autant de facteurs qui favorisent l’atteinte de ces organes dont les manifestations pourraient aller de simples vomissements à un amaigrissement, un coma voire un décès. ˂˂Cette pratique illicite et dangereuse doit être freinée, voire punie par la loi˃˃, nous raconte Dr Karamoko Abdoulaye, médecin généraliste.

Les commerçants par contre parlent moins des effets indésirables de leurs produits. Pis, ils disent que leurs ceux-ci ne présentent aucun effet secondaire. Le plus aberrant, c’est qu’un produit à lui seul est capable de soigner plusieurs maladies n’ayant aucun rapport entre elles. Par exemple le produit “miracle“ est à mesure de traiter à la fois l’ulcère gastro-duodénal, les diabètes de types 1 & 2, l’asthme, la colopathie fonctionnelle, les hémorroïdes, la fièvre typhoïde, etc. 

De plus, et ce qui choque le plus les professionnels de la santé, c’est le traitement des affections chirurgicales par ces médicaments. Par exemple, il existe actuellement sur le marché certains produits capables de traiter l’appendicite, la hernie inguino-scrotale, l’occlusion intestinale sans aucune intervention chirurgicale.

Bien évidemment, tous ces présumés avantages qu’offrent ces médicaments font le bonheur de la population qui est constamment en quête de satisfaction. Cette population cible, majoritairement adulte et vivant pour la plupart dans la précarité trouve en ces produits une alternative pour éviter le coût de soins jugés exorbitants que proposent les centres de santé. 

˂˂Non seulement ça nous permet d’économiser notre argent, mais ça nous évite les attentes trop longues devant la porte du médecin. Quand tu te rends à l’hôpital à 8h pour un problème de santé, c’est souvent à 15h que le médecin te reçoit. Il va te demander assez d’examens à faire qui sont très chers et après tu vas aller acheter des médicaments coûteux. Nous qui n’avons pas assez d’argent, ça nous fatigue parce qu’on a nos enfants à nourrir aussi. Voilà pourquoi moi je me tourne vers les médicaments de la rue pour me traiter˃˃, rapporte un résident de la commune de Port-Bouët.

 

Face à cette situation, quel rôle des autorités publiques ? Des moyens coercitifs ne devraient-ils pas être mis en œuvre pour des raisons de santé publique ?

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