Simone Ehivet Gbagbo : le parcours d’une femme forgée par la politique
Le Samedi 20 Août 2022, l’ancienne première dame Simone Gbagbo a été élue présidente du parti politique dénommé MGC avec 100% des voix. Créé en Septembre dernier, le Mouvement des Générations Capables était une entité citoyenne soutenant l’ex-première dame de Côte d’Ivoire.
Élue pour un mandat de 5 ans renouvelable une fois, la nouvelle présidente du MGC est satisfaite des progrès réalisés en si peu de temps par son parti politique. « Nous y sommes ! Notre parti politique, le MGC est dans la place. Onze mois après la création du mouvement citoyen, notre rêve commun de sa mutation en parti politique est enfin réalisé », a-t-elle déclaré lors de son allocution à l’endroit des militants.
Fervente évangélique, elle souhaite faire revivre à travers ses actions des valeurs comme la crainte de Dieu, l’intégrité, la loyauté, l’incorruptibilité qui sont, selon elle, en voie de perdition dans le paysage politique ivoirien.
Son parti politique qui se veut « humaniste et progressiste, fortement ancré dans la social-démocratie » nourrit de nobles ambitions, à savoir : « transformer qualitativement les mentalités » pour construire « une Côte d’Ivoire nouvelle et moderne.
Dans le bureau exécutif du Mouvement des Générations Capables, M. Nicolas Lavry N’Guessan a été désigné secrétaire général et M. Dominique Traoré, premier vice-président; le deuxième vice-président est Tapé Kipré. Figurent également Mme Ohouochi Clotilde et Me Rodrigue Dadjé, l’avocat de l’ex-Première dame.
A 3 ans des élections présidentielles et 1 an des élections municipales et régionales en Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo , à travers le MGC se positionne comme un opposant de choix au gouvernement en place. Elle assure que le parti sera présent à l’occasion de toutes les échéances à venir notamment pour les élections municipales de 2023 et présidentielles de 2025. « Ça va être le cas pour le MGC, nous aurons, en tout cas nous souhaitons avoir des candidats pour les municipales à venir, pour les présidentielles à venir, pour les législatives, pour les régionales à venir, maintenant tout sera question d’opportunités et de moyens » a-t-elle déclaré.
Lors de cette assemblée générale constitutive du parti, était présente une importante délégation du Front populaire ivoirien (FPI), du Cojep de Charles Blé Goudé, ainsi que d’autres petits partis de même sensibilité.
L’absence majeure à relever est celle du parti de M. Laurent Gbagbo, le Parti des peuples africains Côte d’Ivoire dénommé (PPA-CI). La présidente du MGC, Simone Gbagbo a révélé lors d’une conférence en dehors de son discours prononcé pendant l’assemblée générale que le parti de l’ancien chef d’Etat a reçu une invitation à laquelle il a refusé de répondre favorablement.
A bientôt 73 ans, celle qui a été la première dame de Côte d’ivoire pendant 11 ans entame une nouvelle phase de son parcours truffé de rebondissements.
Née le 20 Juin 1949 à Moossou, Simone Gbagbo est une syndicaliste et femme politique ivoirienne depuis les années 1980. Elle fait ses débuts dans les écoles primaires de sa ville natale, puis à Bouake et à Béoumi. En 1970, elle obtient son baccalauréat au lycée classique d’Abidjan, avant d’entamer d’exigeantes études universitaires en Côte d’Ivoire, à Dakar et en France, atteignant le garde de docteur.
Après l’accession à l’indépendance de la CI, le président Félix Houphouët-Boigny exerçait un règne sans partage sur la politique du pays. Le PDCI-RDA qui était alors le parti unique n’hésitait pas à mettre hors d’état de nuire toutes les personnes qui osaient se dresser contre lui. Avec certains de ses collaborateurs dont son futur époux Laurent Gbagbo à l’époque, elle fonde le FPI dans la clandestinité et mène pendant plus de 10 ans une lutte pour le multipartisme.
Elle est récompensée lorsque le multipartisme est instauré en Côte d’Ivoire en avril 1990.
Elle entreprend une odyssée qui la conduit à des fonctions de députés de la commune d’abobo en 1995, et à représenter le groupe du FPI à l’assemblée nationale.
Lors de l’accession au pouvoir du président Laurent Gbagbo, son rôle au sein du parti et dans la carrière de ce dernier prennent une autre tournure. Elle choisit de ne pas se cantonner à un rôle de représentation. Elle se retrouve au cœur même des grandes décisions politiques de son pays.
Au lendemain de la crise post-électorale de 2011, Simone Gbagbo est arrêtée au même titre que son époux. Le 10 Mars 2015, elle est condamnée à 20 ans de prison à l’unanimité du jury pour «attentat contre l’autorité de l’État, participation à un mouvement insurrectionnel et trouble à l’ordre public».
Le 6 août 2018, le président Alassane Ouattara annonce l’amnistie de 800 prisonniers condamnés pour des crimes en lien avec la crise post-électorale de 2010-2011, dont Simone Gbagbo, dans un souci de «réconciliation nationale». Elle est ainsi libérée de l’École de gendarmerie deux jours plus tard, le 8 août. Quant à son époux, il est acquitté par la CPI dans son procès pour crime contre l’humanité.
Toutes ces années de cheminement, marquées tant par des jours sombres que glorieux, ont renforcé le charisme de ce personnage féminin comme on en voit rarement dans la société politique africaine. Celle qui était appelée « dame de fer » continue d’honorer son surnom et entreprend certainement la dernière ligne droite de son riche parcours.