Sénégal : Visite annoncée du Premier ministre Amadou BA à Paris, le dauphin de Macky Sall en opération séduction auprès de la diaspora?
Désigné par Macky Sall pour être le candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), lors des présidentielles de février 2024 au Sénégal, Amadou BA, chef du gouvernement sénégalais est de plus en plus au contact des différentes forces vives du pays.
Après une tournée économique aux allures de pré- campagne qui l’a conduit dans plusieurs régions du Sénégal en octobre 2023, le dauphin du président Macky Sall est annoncé début décembre à Paris, la capitale française. De l’avis de plusieurs analystes de la vie politique sénégalaise, cette visite du Premier-ministre candidat, sur les bords de la Seine, est une aubaine qu’il mettra à profit, pour échanger avec la diaspora établie en France.
Choisi le 09 septembre 2023 parmi une dizaine de candidatures déclarées au sein de la grande coalition au pouvoir, Amadou Ba sait pertinemment qu’il a très peu de temps pour convaincre le peuple sénégalais de lui confier la direction du pays dès 2024. C’est donc à pas de course qu’il est désormais tenu de multiplier les rencontres auprès de ses concitoyens de tous les horizons pour leur présenter ses ambitions.
A Paris, il s’agira pour l’homme de confiance de Macky Sall de mener une véritable opération de séduction auprès de la diaspora sénégalaise, surtout que celle-ci depuis les dernières législatives, s’est semble-t-il penchée du côté de l’opposition.
Grand acteur de la mise en oeuvre du plan d’émergence économique du Sénégal du temps où il occupait le poste de ministre de l’économie et des finances de 2013 à 2019, il s’appuyera certainement sur ses résultats, pour partager avec ses concitoyens de la diaspora, l’espoir de tirer profit des nouveaux revenus pétroliers et gaziers à partir de 2024, après des années économiques et politiques difficiles.
Si Amadou BA est obligé en ce moment de courir dans tous les sens à exactement trois mois de l’élection présidentielle, c’est aussi parce qu’il ne fait pas l’unanimité au sein même de sa famille politique. Dans le cercle de l’Alliance Pour la République, on lui reproche notamment de ne pas être un militant de la première heure. Ses détracteurs lui reprochent d’avoir rejoint le parti au pouvoir seulement en 2016 et de n’y avoir pas construit sa légitimité.
D’autres lui reprochent par ailleurs, de ne pas avoir assez d’assises électorales. Ils en veulent pour preuve le fait qu’il ait été candidat aux législatives 2017 à Dakar pour le compte de la coalition Benno Bokk Yakaar, mais qu’il n’ait jamais remporté d’élection en son nom propre. Pour ce camp, le Premier Ministre Amadou Ba, est plus un fonctionnaire qu’un militant de terrain.
Du coup, le doute des militants et sympathisants de la grande coalition au pouvoir sur sa capacité à porter haut les couleurs de la majorité présidentielle ne fait qu’enfler. Des sources bien introduites dans la vie politique sénégalaise, expliquent que les cadres de la coalition Benno Bokk Yakaar estiment qu’ils ne sont redevables de rien envers Amadou BA, puisqu’il ne s’est pas construit au sein du parti. Les militants disent ne pas le connaître suffisamment et par conséquent, affichent une certaine méfiance vis à vis de lui.
Aussi, les divisions au sein de la grande coalition au pouvoir autour d’Amadou BA, se retrouvent dans le choc des ambitions personnelles des uns et des autres. En effet, la non candidature de Macky Sall le président sortant, pour un troisième mandat, a finalement ouvert le champ de tous les possibles. Les ambitions se sont clairement exprimées comme on a pu le constater avec le retrait de la coalition, de la star de la musique sénégalaise Youssou N’Dour qui a quitté son poste de ministre- conseiller auprès de Macky Sall.
Il a été suivi dans sa démarche quelques jours plus tard, par le ministre de l’agriculture Aly N’Gouille N’Diaye et le directeur de la Caisse de Dépôt et de Consignation, Mame Diao. Ce dernier a d’ailleurs annoncé sa candidature pour la présidentielle de 2024.
Au regard de ces remue-ménages au sein de la famille politique d’Amadou BA, ils sont nombreux qui craignent une déconvenue du candidat de Macky Sall, face à de sérieux prétendants comme le très populaire opposant Ousmane Sonko dont le parti a certes été dissout par les autorités et le nom radié de la liste électorale, mais qui déclare à qui veut l’entendre, qu’il est bel et bien candidat pour la présidentielle de 2024.
A côté, il y a d’autres poids lourds de la politique sénégalaise comme Karim Wade, le fils de l’ex-président Abdoulaye Wade, pour qui la modification de la constitution, rend la candidature possible, même si lui-même n’a pas encore ouvertement déclaré ses intentions.
Au Sénégal, une chose est sûre. C’est que pour le moment, personne ne mesure exactement la popularité d’Amadou BA. En choisissant un technocrate, c’est clair que Macky Sall veut jouer la carte de la continuité avec la stabilité économique et sociale. Cette stratégie sera-t-elle gagnante ou pas? Tous attendent février 2024 pour juger la pertinence de ce choix.