Santé/ Lutte contre la poliomyélite
L’Afrique veut en finir définitivement avec la maladie
L’Afrique veut en finir la poliomyélite. Les dirigeants du continent ont clairement affiché leur volonté sur la question en 2021, lors de la 71e réunion annuelle du Comité régional de l’OMS pour l’Afrique qui s’est déroulée en août. Les ministres de la Santé du continent se sont entretenus en visioconférence sur la question.
Si le continent à cette occasion a célébré le premier anniversaire de l’absence du poliovirus sauvage, agent pathogène responsable de la polio, l’Afrique n’est pas encore totalement débarrassée du virus.
En effet, s’il est vrai que le vaccin poliomyélitique oral a permis de réduire 99% des cas de polio, des dérivés de souche vaccinale sont encore rapportés aujourd’hui et c’est désormais sur ces dérivés que se concentre la lutte pour l’éradication de la maladie. Cette lutte malheureusement, a été mise à mal par le Covid-19, comme l’explique le Docteur Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
« Ce triomphe sur la polio est menacé par le Covid-19, alors que les gouvernements travaillent dur pour limiter sa propagation. Des campagnes de vaccination contre la polio ont été mises en suspens. Depuis 2018, 23 pays africains ont connu des flambées de poliomyélite dérivée du vaccin. Nous ne devons pas laisser une quelconque forme de polio se faufiler à travers les failles de notre bouclier de vaccination et s’installer à nouveau », confiait-elle au micro de RFI.
« Appel aux gouvernements africains »
Sur le sujet, les professionnels de la santé chargés de trouver des stratégies pour l’éradication du mal sur le continent sont formels. Il n’est absolument pas question de lâcher du lest. Docteur Tunji Funsho, président du Comité national PolioPlus du Rotary, au Nigeria, explique que le succès réside dans la capacité des États africains à s’investir davantage dans les programmes de lutte contre la polio.
» Je veux lancer un appel aux gouvernements africains pour qu’ils continuent à soutenir ce programme, qu’ils augmentent le financement des soins de santé primaires, afin que la vaccination contre la polio s’intensifie. J’en appelle aux gouvernements africains pour qu’ils prennent progressivement en charge ce programme, tant sur le plan financier que sur celui de la fourniture des ressources humaines et matérielles nécessaires », a-t-il encouragé.
Lors de cette réunion annuelle, les ministres de la Santé se sont engagés à maintenir la poliomyélite comme une priorité sanitaire. L’Afrique qui a obtenu il y a deux ans le statut de continent exempt de ce mal, ne veut plus avoir à y faire face. Cette certification est le fruit de décennies d’engagement de la part des gouvernements, des populations et des partenaires étrangers. L’expérience acquise permet d’agir rapidement pour maîtriser une éventuelle flambée des cas.
Pour les populations, le bénéfice est immense. Selon docteur Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, les campagnes d’éradication de la polio ont sauvé la vie à 180 000 personnes et évité l’invalidité à 1,8 million d’enfants de par le monde. La disparition de cette maladie a également des retombées économiques positives, estimées à 50 milliards de dollars d’ici à 2035, dont la majeure partie va aux pays à faibles revenus, libérés de la gestion de cette terrible menace sanitaire.
Pour rappel, La poliomyélite est une infection virale, qui provoque une détérioration du système nerveux, et, dans certains cas, une paralysie pouvant déboucher sur une invalidité permanente, voire sur le décès du patient. Elle se transmet principalement par de l’eau ou des aliments contaminés, et les symptômes – fièvre, maux de gorge, maux de tête, douleurs dans les bras et les jambes – sont tellement banals qu’une infection déclarée est souvent difficile à diagnostiquer avant que l’atteinte paralytique ne se manifeste.