Pulcherie Gbalet arrêtée « à nouveau » pour 3 chefs d’accusation
Pulchérie Gbalet, activiste sociale et présidente de l’Alternative citoyenne ivoirienne (ACI) une organisation de la société civile a été arrêtée le mardi 23 Août 2022. Cette personnalité de la société civile ivoirienne, célèbre pour ses nombreuses sorties médiatiques sur les problèmes socio-politiques en Côte d’Ivoire n’en est pas à sa première arrestation.
En effet, elle avait au préalable fait l’objet d’une incarcération entre Août 2020 et Avril 2021 au motif d’avoir « manifesté et appelé à manifester contre la candidature du chef de l’Etat Alassane Ouattara pour un troisième mandat » aux élections présidentielles d’octobre 2020. Dans un contexte politique très fragile et en tension, son arrestation avait suscité une vague de critiques notamment de la part des pionniers de l’opposition et par l’OIDH ( Observatoire Ivoirien des Droits de l’Homme ) qui l’ont perçue comme une atteinte grave à la liberté d’expression.
Depuis l’arrestation des 49 militaires ivoiriens, survenue le 10 Juillet 2022 à l’aéroport de Bamako par les autorités maliennes, Pulchérie Gbalet a multiplié les interventions et les critiques notamment concernant les actions gouvernementales entreprises dans l’optique de les libérer.
Face à cette crise diplomatique, plusieurs médiations sont en cours à travers le chef d’Etat togolais, ou encore des hommes religieux ivoiriens et maliens.
La présidente de l’ACI qui s’était rendue au Mali, avait rencontré des responsables d’ONG et des proches de la junte militaire au pouvoir. Lors de cette rencontre, le sort des 49 militaires ivoiriens détenus a été évoqué. Considérés comme des « mercenaires », ces soldats ont été inculpés par la justice malienne notamment pour « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État ».
A son retour du Mali le 3 août, elle avait été interpellée dès l’aéroport d’Abidjan, puis relâchée.
Le lundi 22 août, Pulchérie Gbalet est placée sous mandat de dépôt et déférée à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA). Le Procureur de la République près le tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau, Adou Richard Christophe a donné le vendredi suivant dans un communiqué, les raisons de son arrestation et de sa détention.
» (…) Dans le cadre de son activisme visant à jeter le discrédit sur les institutions de la République, dame Pulchérie Gbalet a rencontré certains parents de soldats retenus au Mali en vue de les inciter à désavouer l’action gouvernementale. Les faits susmentionnés dont la gravité n’est plus à démontrer tombe sur le coup des articles 155, 179 et 183 du code pénal ».
Il a précisé que les faits imputés à dame Pulchérie Gbalet sont notamment qualifiés d’:
« Entente avec les agents d’une puissance étrangère de nature à nuire à la situation militaire et diplomatique de la Côte d’Ivoire, manœuvres de nature à jeter le discrédit sur les institutions et à occasionner des troubles graves à l’ordre public et de diffusion de nouvelles fausses de nature à entraîner une atteinte au moral de la population ».
Poursuivant, M. Adou a mis en garde les personnes qui violeraient la loi pénale estimant jouir de leur droit à la liberté d’expression.
Mais pour les avocats de la victime, tout ceci ne relèverait que d’un complot. L’un d’entre eux, Me Eric Saki a évoqué le fait que son arrestation survienne quelques heures après les menaces à peine voilées du député Fofana Amaral, qui dans une vidéo tenait les propos suivants : « Une dame qui ne sait même pas aligner ses mots. Elle est en train d’insulter le Président. Elle est sortie de prison, on l’a regardée. Elle n’a même pas dit merci au Président. Si elle continue de faire ça, écoutez : on va la récupérer. »