Marcus Garvey, pour l’amour de la cause noire
C’est à Saint Ann’s Bay en Jamaïque, le 17 août 1887, que voit le jour Marcus Mosiah Garvey. Ayant grandi dans une ville en proie à l’oppression et où règne la ségrégation raciale, Marcus Garvey découvre avec stupeur les conditions de vie désastreuses dans lesquelles vivent les noirs dans son pays.
Sa jeunesse marquée par une vie très religieuse, il fait partie du groupe musical de son église où il joue de l’orgue. Très vite, il se découvre une passion pour la lecture ce qui lui permet de jouir d’une relative reconnaissance au sein d’une communauté majoritairement analphabète.
Sa vie prend un autre tournant lorsqu’il devient membre d’un syndicat au sein duquel il est élu meneur lors d’une grève avec pour conséquence immédiate, son licenciement par son employeur qui tenait une boutique d’imprimerie.
Agé de 23 ans, il entreprend un long périple de 1912 à 1914 dans toute l’Amérique latine et en Europe pour voir les conditions dans lesquelles évoluent les hommes et femmes de couleur. Au cours de son voyage, il fait de nombreuses rencontres avec des personnes de divers horizons où il est parfois pris pour un roi African. Il co-fonde de nombreux journaux au Panama, au Costa Rica et à Londres où il participe à la rédaction du célèbre journal londonien The African Times fondé par l’égyptien Dusé Mohamed Ali.
Fort de cette nouvelle expérience acquise lors de ce périple, il retourne en Jamaïque puis s’installe aux États Unis en 1916. Un an plus tard, il fonde avec 13 de ses compagnons l’association universelle pour l’amélioration de la condition noire ( UNIA ) avec sa célèbre devise « Un Dieu ! Un But ! Une Destinée ! » (« One God! One aim! One destiny! ») qu’il dirige. Au moyen de son organisation, Marcus Garvey se pose dès lors comme le plus grand meneur de la cause noire de son époque et fait de l’émancipation des afro-américains son combat. Cette lutte déclenche l’hostilité du Ku Klux Klan et de la Black Legion, des sociétés secrètes terroristes suprémacistes blanches des États-Unis, et coûte la vie à un de ses adeptes les plus convaincus, le révérend Earl Little, père de Malcolm X.
Des militants « Garveyites » s’organisent dans les grandes capitales européennes et américaines où ils établissent des antennes et Marcus Garvey milite aux États-Unis pour un retour en Afrique des afro- américains, sur des territoires qui constitueraient une nouvelle « Terre Promise » posant ainsi les jalons du panafricanisme dont il est considéré comme le précurseur. Il croit fermement que les noirs ne peuvent trouver meilleur refuge ailleurs qu’en Afrique.
« Regardez vers l’Afrique, où un roi noir sera couronné, qui mènera le peuple noir à sa délivrance. » Déclarait-il.
Il fonde Negro World, un journal qui donne des nouvelles de l’UNIA partout dans le monde et qui compte en 1920, 1 100 sections dans quarante pays, publie des discours de Garvey et des nouvelles qui ne sont pas rapportées dans les autres journaux, malgré les nombreuses sanctions qui interdisent la publication de ce journal en France, en Grande Bretagne et en Amérique.
Il fonde une compagnie maritime dénommée la Black Star Line en 1919, avec pour objectif de réaliser le grand déplacement de l’Amérique à l’Afrique auquel il aspire depuis des années. La création de cette compagnie a été possible grâce à une participation significative d’afro-américains.
Devenu le symbole d’une élite noire à travers le monde qui milite pour les revendications des droits des hommes et des femmes de couleur réduits en l’esclavage, le gouvernement fédéral américain voit en lui un ennemi potentiellement dangereux. En 1925, il est condamné pour escroquerie contre les actionnaires de la compagnie maritime Black Star Line. A sa sortie de prison, il est rapatrié en Jamaïque et interdit de séjour en Amérique. Il s’exile à Londres où il décède en 1940 d’une crise cardiaque.