Les déserts médicaux : Vue d’ensemble sur le problème de l’Europe à l’Afrique
Plusieurs contrées du monde font face à la problématique des déserts médicaux. On pourrait a priori croire que les pays en développement sont les seuls à être touchés par cette problématique mais la réalité est toute autre. Dans cet article, nous ferons un parallèle entre la situation des déserts médicaux dans un pays comme la France et les pays d’Afrique subsaharienne.
Un désert médical est une zone où le nombre de médecins n’est pas proportionnel au nombre d’habitants. Autrement dit, c’est une zone où l’accès aux soins médicaux est extrêmement difficile, ce qui peut être dangereux pour les populations y vivant.
Selon les statistiques, 30,2 % de français vivent dans un désert médical. A cela s’ajoute le nombre de généralistes qui recule chaque année depuis 2017 (1%). Si rien n’est fait, leur nombre continuera de baisser jusqu’en 2033. Cette situation allonge de façon considérable les délais d’attente pour obtenir une consultation auprès d’un médecin spécialiste.
Les Français ont de moins en moins de médecins à leur disposition, leur répartition est aussi inégale. On constate qu’il y a beaucoup plus de médecins en zone urbaine qu’en zone rurale où il faut parfois patienter plusieurs mois ou parcourir des kilomètres pour voir un spécialiste.
Ce problème trouve principalement son origine dans le numérus clausus, la limitation sévère du nombre d’étudiants admis dans les facultés de médecine. Cela a contribué à réduire fortement le nombre de médecins depuis les années 1980. De plus, une partie de la population française est vieillissante, par conséquent, plusieurs départs à la retraite de médecins spécialistes et généralistes sont enregistrés chaque, ces départs sont même parfois plus importants que le nombre de nouveaux médecins admis.
En Afrique, le problème est encore plus grave. En Côte d’Ivoire, en 2019, il y avait 1 médecin pour 7354 habitants. Tout le plateau technique (scanners, radios, IRM, etc.) et les meilleurs médecins sont concentrés en zone urbaine. La pandémie à Covid-19 a contribué à fragiliser les systèmes sanitaires déjà fragiles du continent qui ne disposent pas des outils et du personnel qualifié pour affronter les maladies endémiques telles que le paludisme, la malnutrition, le VIH/SIDA, etc.
En zone rurale, le matériel et les professionnels de santé sont parfois totalement absents. Devant certains cas urgents, la famille du malade est obligée de le transférer en ville par des moyens de fortune, allongeant ainsi les délais de prise en charge. Parfois, le malade ne survit pas au voyage et succombe en cours de route.
En plus du manque d’infrastructures et de la pénurie de professionnels médicaux, un autre problème se pose depuis quelques décennies : la fuite des cerveaux. Dans l’optique de repeupler ses déserts médicaux, le gouvernement français a développé une nouvelle stratégie qui consiste à « faire la cour » aux médecins du continent en leur facilitant les modalités d’expatriation et d’installation en France. Une fois sur place, ceux-ci deviennent l’unité centrale des services d’urgence, s’adaptent au système sanitaire et y restent définitivement. Cela rajoute une pénurie à la grave pénurie à laquelle font face leurs pays d’origine.
Pour surmonter le problème des déserts médicaux en Afrique, il est évident que les gouvernements africains doivent mettre en œuvre de nouvelles politiques pour retenir les médecins formés sur place. Les infrastructures de santé et le personnel médical doivent être déployés sur toute l’étendue des territoires.
Les déserts médicaux représentent un défi majeur pour l’accès aux soins de santé sur le continent. Cette situation fait écho à celle de la France mais le contexte et les causes sous-jacentes diffèrent de part et d’autre. Des efforts doivent être fournis en continu et des engagements pris par nos décideurs pour améliorer l’accès aux soins de santé.
Nassira Zeba