Le FMI accorde une aide financière cruciale au Sénégal malgré les tensions politiques pré-électorales
Le Fonds monétaire international (FMI) a conclu un accord de programme d’aide de 1,8 milliard de dollars (1,7 milliard d’euros) sur une période de trente-six mois avec le Sénégal. Cet accord, soumis à la validation du conseil d’administration du FMI, représente une bouffée d’oxygène pour le pays ouest-africain, mais il exige également du gouvernement sénégalais qu’il mette en œuvre d’importantes réformes axées sur la dette et la gouvernance.
Les négociations pour ce programme d’aide ont été annoncées mi-mars, et le FMI a rapidement identifié les priorités pour les trois prochaines années. Le Sénégal devra donc s’engager à réduire sa dette, à lutter contre le blanchiment d’argent et le terrorisme, ainsi qu’à s’adapter aux changements climatiques. Selon les économistes du FMI, bien que le Sénégal affiche un taux d’endettement de 76 % de son produit intérieur brut (PIB), soit 6 points de pourcentage au-dessus de la norme de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA), il dispose d’une économie résiliente et d’une dette soutenable.
En échange, le gouvernement sénégalais devra mettre en œuvre des réformes structurelles. Ces priorités politiques incluent la réduction des vulnérabilités de la dette par le biais d’une consolidation budgétaire, le renforcement de la gouvernance et du cadre de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, ainsi que la réalisation d’une croissance plus inclusive et créatrice d’emplois, selon les détails fournis par le FMI.
Pour atteindre ces objectifs, le FMI recommande au gouvernement sénégalais de mobiliser davantage de recettes en rationalisant les exonérations fiscales et en réduisant progressivement les subventions à l’énergie.
Une partie des fonds prêtés soutiendra également les objectifs d’atténuation du changement climatique du Sénégal, accélérera l’adaptation du pays aux impacts du changement climatique et soutiendra les efforts visant à intégrer ces considérations dans le processus budgétaire, précise le communiqué du FMI.
En 2022, la croissance économique du Sénégal s’est située à 4,7%, mais les prévisions du FMI ont été revues à la baisse en raison de la baisse des rendements agricoles et de l’activité industrielle. Cependant, pour l’année 2023, le FMI prévoit un rebond spectaculaire de la croissance à 8,3% et une inflation de 5,0%. Ce rebond est soutenu par l’exploitation des réserves de gaz et de pétrole découvertes au large du Sénégal, qui devrait jouer un rôle crucial.
Selon Edward Gemayel, chef de mission du FMI pour le Sénégal, si la production pétrolière et gazière commence cette année, la croissance pourrait dépasser les 8%.
Cependant, l’octroi de cette aide survient dans un contexte politique tendu au Sénégal. Les tensions s’intensifient à moins d’un an de l’élection présidentielle, principalement en raison des soupçons entourant la volonté du président Macky Sall de briguer un troisième mandat. De plus, l’opposant Ousmane Sonko est confronté à des affaires judiciaires qui pourraient compromettre sa candidature à la présidentielle de 2024.
