Le Billet de MTE : Développement de l’énergie nucléaire en Afrique – Pourquoi pas ?

6 avril 2023. Après six mois d’auditions et autres échanges, la commission d’enquête parlementaire sur la perte de la souveraineté énergétique française rend son verdict et il est sans appel : « un manque de conscience du caractère stratégique de l’énergie » est relevé. Le ton est parfois dur avec la dénonciation d’une politique « inconsciente et inconséquente ». 

 

Le rapport produit est résolument pronucléaire, et Raphaël Schellenberger, le Président de la commission l’assume pleinement : « Il l’est. Je ne considère pas que ce soit un défaut. Au contraire ! Le nucléaire est une filière que la France maîtrise de bout en bout ». 

 

Le quinquennat de François Hollande est particulièrement tancé, avec notamment la très médiatisée fermeture de la centrale de Fessenheim, mais pas que, puisque l’arrêt de superphénix, également mentionné, intervient en 1997 donc bien avant. 

 

Des experts et dirigeants de la filière, tels que Henri Proglio, Loïk Le Floch-Prigent déplorent le manque de vision de la France, et l’incohérence des politiques menées sur les questions énergétiques. 

 

Des recommandations sont formulées, avec comme maître-mot l’appui à la relance de la filière nucléaire. 

 

Halte. Je vois déjà arriver les « pourfendeurs » du nucléaire, pour qui cette solution n’est ni plus ni moins qu’un danger pour la planète. 

 

L’intervention de Yves Bréchet, Professeur des universités, enseignant-chercheur, spécialiste des matériaux et Haut-commissaire à l’énergie atomique entre 2012 et 2018 est édifiante à ce sujet : 

 

« La clé de voûte de la stratégie française a été identifiée dès les années 1970, c’était la filière à neutrons rapides qui permettait le moment venu de requalifier les déchets en ressources et d’assurer l’indépendance du pays en termes de ressource en uranium.

 

On a alors un nucléaire durable qui n’utilise aucune ressource naturelle, par définition épuisable, et résout la question des déchets. Un système circulaire pratiquement parfait à émission de gaz à effet de serre pratiquement nulle. » 

De plus, le 6 juillet 2022, le Parlement européen a approuvé le label vert au gaz et au nucléaire. Ce label était jusqu’alors réservé aux énergies renouvelables. 

Selon le chercheur François-Marie Bréon : « aucune énergie n’est sans impact sur l’environnement. Les énergies fossiles émettent des quantités importantes de CO2 ; les énergies renouvelables nécessitent de l’espace et des infrastructures importantes. Les analyses montrent que, pour produire la même quantité d’énergie que les énergies renouvelables, l’énergie nucléaire émet moins de CO2, et nécessite moins de matériaux et moins de surface, ce qui en fait donc une énergie verte à mes yeux. ». 

Une question me taraude l’esprit : pourquoi cette piste n’est-elle quasiment jamais évoquée par les responsables politiques africains ? Surtout quand on sait les formidables capacités qu’elle permet de déployer ? 

Vous me direz que plusieurs pays africains n’en ont pas les moyens. Mais est-on sûr que le Nigéria, l’Égypte, le Maroc, le Kenya ou encore la Côte d’Ivoire ne pourraient valablement pas y prétendre ? 

Pour rappel, la France possède 56 centrales, les plus « faibles » au nombre de 32, ayant chacune une capacité de 900 MW (plus de trois fois celle du barrage de Soubré, le plus puissant de Côte d’Ivoire). 

 

L’Afrique du Sud est le pays qui abrite les deux seuls réacteurs nucléaires du continent, de 920 MW chacun. 

 

Ne faudrait-il pas que l’on se penche un peu plus sérieusement sur la question ? 

Post by managerMedia

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