La ZLECAf
La ZLECAf
La zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est un projet de zone de libre-échange visant à établir un marché unique sur l’ensemble du continent africain. La décision de lancer ce projet est prise pour la première fois en janvier 2012, lors de la 18e session ordinaire de la Conférence de l’Union africaine. Deux ans après sa date d’entrée en vigueur officielle le 1er janvier 2021, la ZLECAf progresse à petit pas, mais fait face à certaines difficultés. Dans les lignes qui suivent, nous nous attèlerons à étudier ce qu’est une zone de libre-échange, les conséquences de l’implémentation d’une telle zone sur l’économie africaine et enfin les difficultés à son bon fonctionnement.
Zone de Libre-échange
Une zone de libre-échange est une zone au sein de laquelle les marchandises circulent librement, c’est-à-dire, une zone constituée de pays membres éliminant ou réduisant entre eux les droits de douane et les restrictions sur les quantités de marchandises importées. La caractéristique fondamentale d’une zone de libre échange est le partage d’un même espace géographique relativement délimité par ses pays membres qui signent entre eux des accords de libre-échange. La zone de libre-échange constitue le premier niveau d’intégration économique avant l’union douanière, le marché commun, l’union économique et l’intégration économique. Pour qu’une zone de libre échange devienne une union douanière, il faut que les pays membres décident d’adopter des tarifs douaniers extérieurs communs applicables à tous les pays tiers. Aujourd’hui on recense près de 150 zones de libre-échange dans le monde, dont plus de la moitié ont été créées depuis 1990.
La ZLECAf
Après plusieurs années de négociation, la ZLECAf entre officiellement en vigueur le 1er janvier 2021 et est mise en place pour les 46 pays africains ayant ratifié l’accord sur les 54 signataires – l’Erythrée étant le seul pays africain n’ayant pas signé les accords pour la zone de libre-échange. Cependant, à ce jour, seulement huit pays participent à la Guided Trade Initiative (GTI) lancée en octobre 2022, qui est une initiative visant à tester les différentes procédures relatives au commerce dans la zone et ce sont : le Cameroun, l’Égypte, le Ghana, le Kenya, l’île Maurice, le Rwanda, la Tanzanie et la Tunisie représentant cinq régions du continent. L’objectif de la ZLECAf est de stimuler le commerce intra-africain en facilitant la réalisation des affaires sur tout le continent par des accords de libre-échange qui envisagent de supprimer les droits de douane pour 90 % des marchandises circulant sur le continent. Selon un rapport de la Banque mondiale intitulé en anglais The African Continental Free trade Area, l’implémentation de la ZLECAf engendrerait des bénéfices considérables pour l’Afrique notamment au niveau du commerce, des revenus d’Etats, du chômage et de la pauvreté.
Quelques bénéfices en chiffres
Au niveau du commerce intra-africain, selon la Banque mondiale, le volume des exportations intracontinentales atteindrait 532 millions de dollars d’ici 2035, soit une augmentation de 81% en comparaison des 294 millions de dollars estimés dans le scénario sans implémentation de la ZLECAf. Quant aux importations intracontinentales, elles augmenteraient de 102% d’ici 2035, dans le cadre de la ZLECAf avec un volume estimé à 627 millions de dollars en comparaison des 310 millions de dollars dans le scénario sans ZLECAf. En outre, la Banque mondiale estime que la mise en place de la ZLECAf permettrait de faire sortir 30 millions d’africains, de la pauvreté « extrême » ; l’Afrique de l’Ouest connaitrait la plus grande baisse avec 12 millions de personnes sorties de la pauvreté « extrême », suivie de l’Afrique centrale et australe respectivement avec 9,3 millions et 4,8 millions de personnes.
En somme, selon la Banque mondiale, l’instauration de la ZLECAf permettrait d’engendrer au continent africain d’ici l’année 2035, 450 milliards de dollars, dont 292 milliards proviendraient du renforcement des mesures de facilitation des échanges visant à simplifier les procédures douanières et réduire les formalités administratives.
Les difficultés
Cependant, malgré les bénéficies potentiels de la ZLECAf, sa mise en œuvre et son bon fonctionnement sont confrontés à plusieurs défis, ce qui pourrait limiter grandement son impact. D’abord, le problème des infrastructures de transport parfois inexistantes ou en mauvais état constitue un défi majeur à l’acheminement des marchandises. Des routes en mauvais état, ou l’inefficacité de certains ports ou certaines douanes sont autant de raisons qui rendent difficile le transport des marchandises. Cela nécessite aux Etats africains, des investissements massifs dans le développement de leurs infrastructures, investissements que certains pays africains financièrement fragiles ne pourraient réaliser du fait de leurs ressources financières internes non conséquentes ou d’un accès limité aux financements externes. Il conviendra aussi de relever le défi de l’harmonisation des procédures douanières, et des régulations propre à chaque pays afin de faciliter la circulation des marchandises. Enfin, un dernier facteur à considérer et non des moindres est la sécurité et la stabilité politique en Afrique ; la présence du terrorisme dans certaines régions rend certaines routes impraticables et il serait également difficile de faire du commerce avec un pays en guerre ou en proie à des conflits internes.
En somme, Il conviendrait de retenir que la mise en place de la ZLECAf est un projet ambitieux qui nécessite de la part de ses pays membres, un fort engagement et d’importants investissements dans le développement des infrastructures. Si ces défis, pouvant entraver la bonne marche de ce projet parviennent à être surmontés, la ZLECAf permettra de stimuler la croissance économique, de réduire la pauvreté et d’accroître considérablement les revenus des Etats Africains.
Par Elie KREMAN