La transition au Tchad : des dialogues à la présumée tentative de déstabilisation de l’ordre constitutionnel
Au Tchad, l’année 2022 a été marquée par plusieurs mois de pré-dialogue avant le dialogue national proprement dit. Celui-ci, boycotté par plusieurs partis politiques et associations de la société civile, a pris fin le 8 octobre 2022 et a désigné le Général Mahamat Idriss Déby comme président d’une nouvelle transition qui durera deux ans, et cela après une première phase qui a duré dix-huit mois.
Presque dans la foulée, le 12 octobre 2022, Saleh Kebzabo, l’un de ses principaux opposants a été nommé Premier ministre de la transition.
Le 20 octobre, des manifestations ont lieu dans plusieurs villes du Tchad. Le bilan est lourd : une cinquantaine de morts, plus de trois cents blessés et plus de six cents personnes arrêtées et amenées à Koro Toro, dans le nord du pays.
Quelques jours après ce bain de sang, Succès Masra, économiste et leader du parti politique des Transformateurs serait sorti du territoire Tchadien et se serait exilé au Cameroun voisin.
Une partie des personnes arrêtées a été condamnée le 29 novembre, à des peines de prison, une autre a été relâchée.
Le 08 décembre dernier, selon un communiqué du porte-parole du gouvernement, un groupe restreint de conspirateurs a été arrêté par les services de sécurité intérieure ; à leur tête, le président de l’organisation tchadienne des droits humains (OTDH) Baradine Berdei Targuior désigné comme l’instigateur par le gouvernement.
Les personnes arrêtées avec lui sont issues des rangs de l’armée Tchadienne et sont précisément des officiers. Lors de leur arrestation, plusieurs matériels militaires et les matériels de transmission ont été saisis.
Ces personnes ont été arrêtées et remises aux mains de la Justice qui les inculpe des charges suivantes : atteinte à l’ordre constitutionnel, association de malfaiteurs, détention illégale d’arme à feu et complicité pour déstabiliser l’ordre constitutionnel.
Le porte-parole de l’armée tchadienne avait fait une annonce en décembre dernier lorsque beaucoup de rumeurs parlaient d’une éventuelle tentative qui avait commencé comme un coup d’état. Il avait fait savoir qu’il s’agirait d’un groupuscule qui essaierait de déstabiliser l’ordre constitutionnel.
Quelques semaines plus tard, début janvier 2023, la sortie du ministre porte-parole du gouvernement vient confirmer les rumeurs de l’époque.
Tout cela semble être pris au sérieux par le gouvernement Tchadien, qui a transféré les 11 officiers de l’armée ainsi que leur chef Baradine Berdei Targuior, à la
prison de haute sécurité de Koro Toro.