La sécurité du personnel soignant à l’hôpital
Le 23 mai 2023, Carène, 38 ans, infirmière au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Reims (France) est décédée après avoir été violemment agressée par un patient de 59 ans souffrant de troubles psychiatriques. En plus de la défunte infirmière, une secrétaire médicale avait également été victime de ce patient. Cette dernière a eu plus de chance puisqu’elle a été tirée d’affaire après une intervention chirurgicale.
Hélas, cette agression n’est pas la première à l’égard du corps médical. En France, deux infirmiers sur trois affirment avoir été victimes de violence dans l’exercice de leurs fonctions. Sur les 31.000 infirmiers de l’Ordre qui se sont exprimés, 66% ont subi des violences comprenant des insultes, des menaces physiques et des agressions sexuelles. Dans certains cas, l’agresseur utilise une arme. Ces actes de violence ont lieu toutes les semaines ou presque.
Ces chiffres alarmants reflètent la gravité de la situation et le danger que court le personnel soignant en assurant sa noble mission : sauver des vies. Si en France, les chiffres sont parlants, ce n’est pas le cas pour la plupart des pays d’Afrique subsaharienne dont les soignants sont pourtant logés à la même enseigne.
En effet, plusieurs actes de violence peuvent être cités. Le jeudi 08 juillet 2021, un médecin du centre hospitalier régional de Divo (Côte-d’Ivoire) a été agressé par les accompagnants d’un patient décédé des suites d’un accident vasculaire cérébral (AVC). « Je n’ai certes pas été trainé au sol, mais j’ai reçu des coups derrière à la tête », raconte ce médecin qui a été sauvé par un gendarme en civil qui s’est interposé et l’a emmené en lieu sûr. Le lendemain, les médecins et infirmiers de la structure sanitaire courroucés, ont organisé une marche pour se rendre à la préfecture afin de dénoncer l’agression de leur confrère.
Le 2 février 2022, cette fois-ci au CHU de Bouaké, un professeur de chirurgie a été agressé par le parent d’un patient, le deuxième cas en l’espace d’une semaine dans ce CHU. Comme à Divo, le personnel soignant a manifesté son mécontentement et réclamé que des dispositions soient prises pour que toute personne qui agresse un agent de santé dans l’exercice de ses fonctions soit poursuivie en justice.
Au CHU de l’hôpital de Tengandogo (Burkina Faso), quatre travailleurs ont été agressés par l’accompagnant d’une patiente décédée. Le vigile, la fille de salle, l’aide-soignante et la sage-femme ont été agressés à l’arme blanche. Après cet incident, le syndicat du personnel soignant a sorti un communiqué dans lequel il dénonce et condamne cet acte d’une extrême violence à travers ces mots : « Nous ne pourrons pas continuer à prodiguer des soins en ayant la peur au ventre d’être agressés par un accompagnant mécontent (…) ».
Malgré le manque de chiffres, de nombreux autres exemples peuvent être cités à travers nos pays sans compter les agressions, menaces et intimidations passées sous silence. L’insécurité est grandissante dans les structures sanitaires et cette situation est fortement déplorable.
Face à cet état de fait, il est urgent que les pouvoirs publics prennent des décisions fortes pour protéger le personnel soignant. Il faut travailler à renforcer la sécurité dans les établissements sanitaires, mettre en place des protocoles de sensibilisation des patients et usagers sur leurs droits et devoirs dans les services de santé, créer des services juridiques accessibles avec l’utilisation d’un numéro vert pour les plaintes et surtout sévir à travers des sanctions exemplaires pour les agresseurs.
La sécurité des soignants est aussi importante que la santé des patients. Au-delà du noble métier qu’ils pratiquent, ce sont d’abord, nos semblables, ils méritent donc tout le respect.