La crise des opioïdes aux États-Unis et en Afrique
Les addictions représentent un problème de santé publique. Dans certains pays tels que les États-Unis, elle a même été qualifiée de “crise des opioïdes“. Elle fait des ravages à travers les communautés et les vies. L’une des familles les plus indexées dans cette crise est la famille Sackler, propriétaire de Purdue Pharma, un géant pharmaceutique et leur produit phare, l’oxycotin. Dans cet article, nous plongerons dans l’histoire de l’oxycotin et de la famille Sackler tout en jetant un regard comparatif sur la consommation d’opioïdes en Afrique.
L’oxycotin est un puissant opioïde qui sert à soigner les douleurs les plus coriaces. Très efficace, c’est un médicament qui entraîne des addictions très graves. Développé par Purdue Pharma, ce médicament promettait un soulagement durable de la douleur chez les patients en soins palliatifs et ceux souffrant de douleurs invalidantes. Cependant, derrière ce remède en apparence parfait se cachait un potentiel sombre.
Purdue Pharma et Arthur Sackler ont adopté une stratégie marketing très offensive qui consistait à pousser les médecins à prescrire l’oxycotin de façon massive aux patients. Des conférences sur la gestion de la douleur furent organisées entraînant ainsi une augmentation considérable des ventes. Le médicament a été présenté comme « un contrôle de la douleur toute la journée et toute la nuit, léger et durable ». Son potentiel addictif a quant à lui été largement sous-estimé.
Au fil des ans, à force de recherches et d’études sur la molécule d’oxycotin, la vérité sur ce médicament fut dévoilée. Les études ont prouvé qu’une grande partie des personnes addictives à l’héroïne ont commencé par les médicaments contre la douleur. Parfois, l’addiction est tellement forte qu’elles multiplient les consultations auprès des médecins et alignent ainsi plusieurs ordonnances et boîtes d’oxycotin.
En 2012, le New England Journal of Medicine publie une étude où le lien entre l’épidémie d’addiction à l’héroïne et le marketing de l’Oxycotin est établi.
Une enquête de 2016 a montré que Purdue Pharma était bien au courant que le produit était addictif mais a volontairement vanté les mérites du traitement pour booster les ventes.
Aujourd’hui Purdue Pharma ainsi que la famille Sackler sont tenus pour responsables de la crise des opiacés déclenchée par la vente excessive d’oxycotin. Plus de 500.000 morts suite à des overdoses ont été répertoriées sur les vingt dernières années.
Depuis lors, plusieurs poursuites judiciaires ont été engagées contre le géant pharmaceutique dont la plupart ont été réglées avec des amendes à payer et des arrangements. En mai 2007, le président, l’avocat et le médecin en chef de Purdue Pharma ont même plaidé coupable et accepté de payer plus de 34,5 millions de dollars d’amende à titre individuel pour commercialisation mensongère après que la société ait payé 600 millions de dollars.
Aujourd’hui, aux États Unis, de nombreuses personnes se battent contre une addiction dont le point de départ a été une prescription d’oxycotin.
Tandis qu’au pays de l’oncle Sam, la crise des opioïdes sévit, l’Afrique n’est pas épargnée. Malgré les facteurs socio-économiques et l’accès limité aux soins de santé, la consommation d’opioïdes et autres stupéfiants connaît une croissance fulgurante sur le continent.
Contrairement aux États-Unis, où les opioïdes prescrits sont souvent le point de départ, en Afrique, la consommation de stupéfiants est fréquemment induite par l’entourage.
Le cannabis, les amphétamines, les opioïdes tels que le tramadol détourné de son usage initial sont les drogues les plus consommées sur le continent. Les fréquentes saisies de drogues dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne témoignent de la gravité du problème.
Selon plusieurs études, la consommation de stupéfiants va continuer de croître dans les années à venir. Malheureusement, sous nos cieux, les centres de désintoxication sont rares et accessibles à seulement une petite partie de la population en raison du coût des soins très élevé. C’est pourquoi plusieurs personnes souffrant d’addiction finissent par développer des maladies psychiatriques.
La crise des opioïdes et le problème des addictions de façon globale représente un défi majeur de notre époque. En Afrique, la solution la moins coûteuse est la sensibilisation. Il faut sensibiliser les jeunes et surtout travailler à démanteler les réseaux de distribution et de vente de ces stupéfiants. Cependant, lorsque le médecin prescripteur devient le premier fournisseur, le combat devient plus difficile.
Rédigé par Fazia ZEBA