La Côte d’Ivoire a célébré 63 ans de son indépendance lundi dernier en accordant une place d’honneur à la mémoire d’Henri Konan Bédié, son ancien chef d’État décédé le 1er août. Au cours de son allocution à la Nation, le président Alassane Dramane Ouattara a fait l’éloge de la défunte haute personnalité. La fête de la souveraineté sert d’opportunité pour suivre l’évolution du pays au niveau institutionnel.
07 août 1960. La Côte-d’Ivoire, ex-colonie française, acte son indépendance. La commémoration en 2023 des 63 ans de la République souveraine, a incité le président Ouattara à rendre hommage au défunt chef d’État : « Je voudrais saluer la mémoire de ce grand homme d’État, qui a marqué son époque et notre pays ».
Le processus d’évolution du pays des éléphants affiche à son compteur 5 dirigeants. Félix Houphouët-Boigny premier président ivoirien, a posé les jalons d’une Nation économiquement prospère ; il a développé le secteur agricole précisément dans la production en masse du cacao, du café et de la banane. Une grande partie de ces richesses est réservée à l’exportation. On attribue à son règne le vocable de « miracle ivoirien » en raison de sa politique économique florissante.
Surnommé « Le vieux » ou encore « Le sage », il aurait été le parrain de la françafrique sur le continent, ses actions ayant permis, selon ses détracteurs, à la France de garder la mainmise sur plusieurs pays de l’Afrique noire francophone.
A son décès en 1993, Henri Konan Bédié prend le pouvoir dans une dynamique de continuité. Il fait face à la crise économique qui touche l’industrie du cacao et du café dont les prix sur le marché mondial ont chuté. Le pays est affecté par la corruption des caciques d’un système vieillissant. Le général Robert Guéï renverse son pouvoir mais passe le temps éphémère d’un an au sommet de l’État.
L’élection présidentielle de 2000 hisse Laurent Gbagbo au pouvoir. Contesté pour son idéologie révolutionnaire par les occidentaux et les nationaux issus du même clan, il incarne la rupture par une refonte des relations entre la Côte-d’Ivoire, pré carré français et Paris. Les hostilités entretenues par les acteurs politiques et les hommes d’affaires ivoiriens proches de la France, naissent et créent un climat de tension. Une crise sociopolitique éclate en septembre 2002 et fait plusieurs morts. Malgré les accords de paix entre les parties, les rivalités perdurent.
Le glas sonne pour lui en 2011 suite à la présidentielle de l’année précédente pour laquelle il défend sa victoire contre Alassane Ouattara qui revendique lui aussi la première place du vote populaire. Deux gouvernements sont formés sur le même territoire ; les occidentaux prennent parti pour Alassane Ouattara. Des milliers de morts, civils et militaires sont enregistrés dans la crise postélectorale. Laurent Gbagbo, son ex-compagne Simone et ses proches sont arrêtés avec l’aide des troupes étrangères. Alassane Ouattara prend le pouvoir et renoue les rapports entre la Côte d’Ivoire et la France. Le pays connait depuis son accession une embellie économique, qualifiés par plusieurs de nouveau miracle ivoirien. Malgré ce bilan, l’actuel chef d’État ivoirien est considéré par de nombreux courants dits panafricains comme l’un des derniers remparts de la françafrique originelle.
Tchuisseu Lowé