Interview Emmanuel KILI X Karim BADJI – Mian Media
Haikkat. C’est le nom de la nouvelle appli destinée à faciliter les déplacements en transports en commun dans la bouillonnante capitale économique ivoirienne, Abidjan. A l’origine du projet, deux jeunes africains d’origines Ivoirienne et Sénégalaise qui reviennent ici sur leur parcours, les motivations qui ont été les leur, ainsi que leurs perspectives. Bonne lecture.
Bonjour Emmanuel, Karim, et merci pour ce temps d’entretien. On commence par les présentations ?
Emmanuel Kili (E.K) : Bonjour, je suis Emmanuel KILI, CEO et co-fondateur de Haikkat. Après une expérience significative au sein du groupe Volvo, leader mondial de l’industrie automobile, j’ai obtenu mon diplôme de Master en Management du réputé Programme Grande Ecole au sein de l’emlyon business school, classée 4ème meilleure école de commerce en France. Une école que j’ai pu intégrer grâce à l’accompagnement de Tgmaster academy étant à Abidjan. Depuis près d’un an aujourd’hui, je monte avec mon associé Karim, Haikkat, la première application mobile de navigation en transports en commun à Abidjan. Merci à Mian Media et à toute son équipe de nous donner l’occasion de parler de notre projet.
Karim Badji (K.B) : Bonjour, moi c’est Karim, CTO et co-fondateur de Haikkat. Architecte logiciel et développeur d’application de formation au sein d’EPITECH Bordeaux suivant un cursus en Master of Science. Ayant à mon actif quatre années d’expérience dans le domaine de l’informatique, en passant notamment chez Orange et IDEMIA France SaS, je suis actuellement en poste chez TALIUM / TALIUM Assets en tant que Développeur web & Blockchain. Ravi d’échanger avec vous Mian Media et vos lecteurs autour du projet Haikkat.
L’entrepreneuriat est un concept en vogue en ce moment. S’il est vrai qu’il est capital pour voir émerger de nouvelles entités à même de porter certains secteurs d’activités, plusieurs s’interrogent sur les réelles aptitudes des porteurs de projets, quand on voit le fort taux d’échec à 5 ans. Dans votre cas, quel a été votre moteur ? L’élément qui vous a poussé à vous lancer, alors que vous êtes en tout début de carrière, quasiment en sortie d’école ?
E.K : Pour moi, l’entrepreneuriat n’est pas seulement une tendance à suivre, mais représente un moyen véritable de résolution de problème, même si, vous l’avez souligné, le taux d’échec reste considérable. Ce qui me motive c’est le désir de créer un impact positif. Je crois en la capacité de l’innovation à résoudre des problèmes complexes et à transformer des secteurs entiers, en l’occurrence le secteur du transport, concernant Haikkat. L’élément clé de notre passage à l’action ici en début de carrière, est à la fois, la confiance que nous avons en la force de l’idée et l’envie d’apporter une véritable valeur ajoutée aux Abidjanais.
K.B: De nombreux étudiants étrangers en France rencontrent d’énormes difficultés administratives, lors de leur parcours académique, liées le plus souvent au renouvellement de titre de séjour.
Confronté à ce blocage administratif, qui a entraîné des soucis d’ordre professionnel, j’ai eu du temps libre et me suis orienté dans le développement personnel, en lisant des livres et en écoutant des podcasts, qui m’ont motivé à prendre la trajectoire de l’entrepreneuriat. Tout ceci fait que maintenant je suis un fervent passionné de ce monde-là et c’est ce qui rythme ma vie. Même si pour le moment je garde mon poste d’employé, je suis sûr que dans un futur proche je pourrai me concentrer à 100% dans l’entrepreneuriat, en exerçant ma fonction de CTO chez Haikkat. Pour le moment je pratique la formule de l’incontournable Kiyosaki qui a dit et je cite : Gardez votre travail de jour et occupez-vous de vos affaires le soir.
Que signifie Haikkat ? Et pourquoi les transports ?
Haikkat est un terme que nous avons créé en fusionnant les mots « Haïk », qui est un vêtement traditionnel porté par les femmes en Afrique du nord, et aussi en Côte d’Ivoire qui cache tout le corps et ne laisse voir que les yeux et « Look at », qui est un mot anglais qui signifie regarder. Ce qui symbolise qu’on pourra toujours voir sa destination même si tout semble caché, à cause du manque d’informations.
Notre startup s’adresse aux transports parce que c’est un secteur moteur de toute économie qui se veut dynamique, de par son rôle crucial dans la connectivité territoriale, le commerce, et la mobilité des biens et des personnes. C’est un facteur extrêmement important de par son influence dans l’économie, ainsi que de par sa capacité à servir de jauge au niveau du développement d’un pays. D’ailleurs il y a un sage homme qui a dit: << Le développement d’un pays ne se mesure pas par le nombre de cadres prenant leurs voitures pour aller travailler, mais plutôt par ceux qui y vont en transport en commun. >>
Il y a une grande problématique à ce niveau, qui est surtout dûe à un manque d’adressage dans nos rues et aussi à un manque de données sur les transports publics plus ou moins informels, par exemple les “gbaka”, “wôrô-wôrô” et consorts.
Un touriste ou un local à Abidjan, aura des difficultés à se déplacer en utilisant ces transports en commun en raison de ce manque d’informations. Ce phénomène n’est pas présent qu’à Abidjan mais aussi dans d’autres villes du pays et dans la plupart des capitales africaines.
Nous avons nous même rencontré de nombreux problèmes de géolocalisation lors de nos différents déplacements en transports en commun à Abidjan. Les informations sont inexistantes et les indications orales très souvent incomplètes voire inexactes, ce qui conduit entre autres à l’impossibilité de planifier ses déplacements ou encore à la difficulté de se rendre en transports en commun dans des endroits inconnus. Ces lacunes représentent des opportunités d’amélioration significative, et c’est là que nous voyons une chance d’apporter une réelle valeur. Notre objectif est de réinventer la façon dont les personnes interagissent avec les services de transports en commun à Abidjan.
Comment fonctionne votre application ? A qui est-elle destinée ?
Haikkat est une application de mapping et de navigation qui indique les itinéraires en transport en commun à Abidjan. Le fonctionnement de l’application est simple, car l’interface est conçue en étant orientée utilisateur. Alors, le principe c’est de pouvoir proposer une liste d’itinéraires avec les estimations du temps et du coût, sur tous les modes de transport en commun à Abidjan, que ce soit en gbaka, wôrô-wôrô ou en bus, d’un point A à un point B , avec un fonctionnement intuitif. L’utilisateur à juste à renseigner son lieu de départ ainsi que celui d’arrivée, Haikkat lui propose différents trajets, aussi simple que ça.
L’application est destinée à un large éventail d’utilisateurs :
- Habitants d’Abidjan : Pour simplifier leurs déplacements quotidiens en utilisant les transports en commun.
- Nouveaux arrivants : Pour se familiariser rapidement avec les itinéraires de transports en commun dans la ville.
- Voyageurs occasionnels : Pour explorer la ville sans se soucier des itinéraires complexes.
- Étudiants et professionnels : Pour planifier efficacement leurs trajets vers les écoles, les universités ou les lieux de travail.
On le sait, les projets de ce type nécessitent des financements importants. D’où proviennent les vôtres depuis le début de l’aventure, et quels sont vos perspectives à ce sujet ?
Effectivement c’est un projet de grande envergure étant donné qu’il a pour objectif de révolutionner le secteur des transports publics à Abidjan, ainsi que dans d’autres grandes capitales Africaines. Sa réalisation nécessite d’énormes investissements mais pour le moment nous nous appuyons sur nos ressources personnelles. Dans un avenir proche, nous avons pour perspective de rechercher des investissements stratégiques et de développer des partenariats pour soutenir notre croissance, à travers des levées de fonds par exemple.
Au-delà du financement, la question de la pertinence du projet (adéquation avec un marché), de la robustesse de son business model et d’autres éléments sont clés. C’est à cet effet que vous avez été au sein d’un incubateur, basé à Lyon. Pouvez-vous revenir sur cette expérience ? Qu’en avez-vous tiré ?
En effet, nous avons suivi un parcours d’incubation au sein de la pépite Beelys basée à Lyon, où nous avons pu accéder à d’importantes ressources sur le monde des startups et travailler ardemment sur toutes ces questions de pertinence et de développement. Nous avons aussi pu bénéficier d’un réseau solide d’experts et d’autres entrepreneurs. Cette expérience nous a aidé à affiner notre stratégie, à valider notre cahier de charges, et à être au clair sur les différentes étapes que nous aurons à franchir dans le futur.
En terme de timeline, quelles sont vos prochaines étapes ? A court, moyen et long terme ?
A court terme nous nous concentrons sur la finalisation de notre campagne de pré-lancement qui en 4 semaines a vu + 200 personnes inscrites sur notre liste d’attente. Nous poursuivrons par la mise en œuvre de notre MVP (Minimum Viable Product) pour permettre à ces utilisateurs d’avoir l’application entre leurs mains. A moyen terme nous visons à éteindre notre présence sur notre marché pilote et à affiner nos fonctionnalités en fonction des retours des utilisateurs.
Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
Nous apprécions le soutien que vous nous apporter à travers votre plateforme médiatique et espérons que l’écho que vous nous portez se fera entendre dans l’univers abidjanais des startups et auprès de nos futurs utilisateurs et collaborateurs.
Un mot de fin ?
E.K : Mes remerciements à toute l’équipe de rédaction pour cette interview, et j’espère que les lecteurs auront beaucoup appris et adhéreront à notre projet. Nous sommes déterminés à faire partie des meilleures startups en Côte d’Ivoire.
K.B : Tous nos remerciements à l’équipe de Mian Media ainsi qu’à ceux qui nous liront, en espérant que vous allez vous inscrire sur la liste d’attente pour ceux qui sont à Abidjan et nous vous invitons à nous suivre sur tous nos réseaux afin de suivre l’évolution de Haikkat,. A très bientôt.