Interview – Dr Parfait Touré

Titulaire d’un doctorat d’état en médecine et d’un master en management du CAMPC (Centre Africain de Management et de Perfectionnement des Cadres), Dr Parfait Touré a eu une riche carrière, essentiellement dans l’industrie pharmaceutique. D’abord chez le géant français Sanofi, ensuite chez Novo Nordisk, le leader mondial de la production d’insuline et plus récemment chez le Suisse Novartis.

Il est depuis peu entrepreneur et à l’initiative de YODAN.

Bonjour Dr, et merci de nous accorder cet entretien. Nous venons de retracer votre riche parcours. La première question qui me vient à l’esprit c’est pourquoi avoir abandonné l’hôpital pour l’industrie ?

Tout d’abord je voudrais vous remercier pour l’honneur que vous me faites en m’invitant à votre tribune. Pour répondre à votre question, je dirais qu’il existe plusieurs manières d’aider les patients et mon travail dans l’industrie pharmaceutique en était un. J’ai fait ce choix pour avoir plus d’impact sur les malades. A l’hôpital c’est un patient après l’autre et dans mes fonctions dans la pharma, je pouvais toucher des centaines de patients en même temps à travers les confrères et autres collaborateurs de santé. En outre quand j’étais encore à la fac en année de promotion, j’avais été responsable de la commission académique. J’ai eu à travers cette responsabilité l’opportunité de découvrir les métiers de la pharma et j’ai été séduit par ce qu’ils faisaient notamment au département médical.

2.Vous êtes passé par de grands noms de l’industrie (Sanofi, Novo Nordisk et Novartis), avec de la réussite à chaque fois. Pour vous quelle est la clé pour évoluer à ce niveau, et pendant si longtemps ?

Merci. Tout n’a pas été toujours rose. Mais je pense qu’en toutes choses, l’amour de ce que l’on fait est capital. Et j’ai toujours été un passionné. La seconde chose que je dirais c’est l’apprentissage en continu. Il faut accepter de se réinventer à chaque fois, d’apprendre et se former. La science évolue vite et il faut trouver le moyen de rester up to date si vous voulez garder votre position et réussir vos challenges.

3. Avec tout le bagage acquis, vous avez décidé depuis peu, de voler de vos propres ailes pour ainsi dire. Quelles sont les raisons de ce changement de cap ?

Je dirais qu’il était temps pour moi de réorienter ma carrière. Après presque 22 ans dans les multinationales, j’estime avoir acquis suffisamment d’expérience à partager et une autre manière de voir la santé. En me lançant dans l’entreprenariat je souhaite ouvrir un horizon nouveau dans un domaine qui me passionne (la santé mentale) et pour une cible oubliée, les travailleurs. J’ai vu beaucoup de souffrance au travail durant ma carrière et je me suis dit que je peux faire quelque chose.

Je me suis lancé et on verra.

4. Votre nouvelle activité est axée sur une niche, l’accompagnement des organisations sur les questions de psychologie, santé et sécurité au travail. Pourquoi ce choix ?

Comme je le disais tantôt, j’ai vu beaucoup de souffrance au travail, des collègues qui ont fait des burnouts, des bagarres dont les causes profondes étaient l’organisation du travail ou la fuite en avant des managers. Je me suis demandé ce que nous pouvions faire.

En Outre j’ai travaillé plusieurs années dans un service d’hygiène mentale pendant ma thèse et après, d’ailleurs mon sujet de thèse portait sur le conseil de santé, un organe qui s’occupe de l’évaluation des travailleurs en crise. En faisant ce choix je cherche à offrir un cadre de travail sain pour chaque employé et les aider à donner le meilleur d’eux-mêmes.

Parallèlement à cela, la santé des travailleurs est le reflet de la santé en général mais l’approche de prévention doit tenir compte de leurs particularités. J’ai ainsi développé des méthodes que j’ai éprouvées avec mes collègues et aujourd’hui je veux les mettre à la disposition du grand nombre.

Nous avons nos réalités et me si les grandes multinationales ont des approches de préventions, cela n’est malheureusement pas adapté à nos réalités. Quant aux PME ces concepts sont très souvent absents. Je souhaite offrir donc un service qui prend en compte nos réalités et qui s’adapte à chaque organisation pour garantir la santé, le bienêtre et la sécurité des travailleurs.

5. Pouvez-vous nous en dire plus  sur vos activités, notamment en termes d’effectifs, prestations ou autres?

Yodan conseils est une jeune structure qui fournit 3 types de services,

En premier lieu nous posons des diagnostics santé en entreprise (santé sécurité, risques psychosociaux, santé mentale, profil de santé des entreprises, risques au poste de travail). Par ces diagnostics nous établissons uns cartographie « sanitaire » de l’entreprise et nous l’aidons à orienter sa stratégie de prévention.

En second nous apportons notre expertise en termes de formation et d’action de prévention avec un accent particulier sur la santé mentale (la santé physique étant gérée par la médecine du travail)

Et en trois nous accompagnons le développement des softs skills des managers (intelligence émotionnelle, gestion des relations interpersonnelles, création de l’esprit d’équipe etc…).

Nous sommes une équipe pluridisciplinaire (psychologues, psychiatres, médecin du travail, RH…). Nous coordonnons nos activités pour le bien-être des collaborateurs et la performance des organisations ou entreprises. Au final pour être travailleur il faut du travail et donc nos actions contribuent à rendre les entreprises plus résiliente et préserve le travail et la santé des employés.

Dès le départ nous avons opté pour la digitalisation, et nous avons développé un outil digital pour réaliser rapidement et de manière anonyme les diagnostics et nous prévoyons déjà de digitaliser l’assistance psychologique que nous offrons.

Beaucoup de bonnes choses pour les entreprises et les travailleurs en sommes.

6. Que signifie YODAN ? Et comment entrevoyez-vous ce projet à moyen/long terme ?

Yodan est un nom en tagbana ma langue maternelle qui signifie parole de sagesse ou parole vraie. C’est aussi le nom de la personne qui m’a toujours inspiré et en qui je me reconnais, mon défunt père. C’est en sa mémoire que j’ai choisi ce nom qui pour moi est aussi en lien avec ce que nous faisons.

J’ai foi en ce projet par ce que le besoin est important et nous avons beaucoup d’idées dans le tiroir. Je n’en dis pas plus. Suivez nous et vous verrez.

7. Un mot de fin ?

Ce sera des remercîments à toute l’équipe de MianMedia pour l’intérêt que vous avez porté à ma personne et à mon projet. Ma vocation a toujours été d’aider les autres et j’espère que mon expérience et ce que Yodan propose, profitera à un grand nombre et participera à améliorer la santé au travail. Encore merci et je vous souhaite bon vent dans vos projets et une année de bien-être au travail à tous les lecteurs.