Flashback sur la colonisation – Le 17 avril 1825, France – Haïti – Un souvenir qui fâche
L’ordonnance de Charles X roi de France à cette époque, fixait dans son article 2 ‘’ la somme de cent cinquante millions de francs, destinés à dédommager les anciens colons qui réclameront une indemnité’’. Un fait historique marqué de cicatrices pour le peuple haïtien abusé.
La mémoire collective haïtienne conserve au fil du temps cette séquence douloureuse de l’impérialisme français, renforcée du pillage de son trésor au profit des colons.
En novembre 1803, les révolutionnaires affrontent les forces coloniales à Vertières et remportent la bataille. Rochambeau, commandant des troupes françaises capitule et le 1er janvier 1804, Haïti proclame son indépendance sous le règne du président Jean-Pierre Boyer.
La France digère mal la défaite et impose aux autorités locales une indemnisation de 150 millions de francs-or, devant bénéficier aux colons expropriés. La validation de ce contrat entre les deux parties va aboutir au paiement de 30 millions par Haïti ; s’en suivra une réduction de 60 millions du montant en 1838.
Le journal français Libération fera savoir à ce sujet : ‘’ Au total, l’indemnité aura été de 90 millions de francs-or, que les haïtiens vont finir de payer en 1883. Pour y arriver, il a fallu mettre sur pied un système bancaire complexe au travers duquel la France aura contrôlé les finances du pays jusqu’à l’occupation étasunienne en 1915’’.
Cette affaire a entrainé plus tard une vexation des haïtiens éveillés, remontés contre la France. Hommes de lettres, personnages politiques, artistes et activistes haïtiens ont initié plusieurs démarches au moyen de leurs œuvres et actions pour faire reconnaitre à la France le rôle qu’elle a joué dans l’exploitation abusive des richesses du pays.
Le 12 janvier 2010, un séisme de magnitude 7.3 touche Haïti ; les chiffres évaluent à 200 000 morts et 300 000 blessés le nombre de victimes. Nicolas Sarkozy effectue une visite dans le pays. Au cours de son discours de soutien à cette Nation affectée par la catastrophe naturelle, il soulignera : ‘’notre présence ici n’a pas laissé que de bons souvenirs’’.
Un aveu sur un mécanisme de spoliation entretenu par la France contre ses colonies et dont les conséquences diverses font l’objet de vives contestations que l’on nomme à Paris ‘’le sentiment antifrançais’’.
Tchuisseu Lowé