EXAMEN DU BARREAU EN COTE D’IVOIRE (CAPA) : LE DROIT EST MORT ! VIVE LE MYSTICISME !
Il était une fois, un pays nommé la Cote d’Ivoire et situé en Afrique Occidentale. La tendance de ce pays à régulièrement s’inscrire dans les sillons des politiques tracées par la France a donné naissance à un adage bien connu sur les terres éburnéennes : « Quand il pleut à Paris, Abidjan est mouillé».
Cette propension copiste s’explique par l’importante similarité entre nos sociétés tant du point de vue sociologique que du système juridique, héritages de la colonisation. Malheureusement, dans certains cas, il semblerait qu’une sélectivité malencontreuse fasse loi lorsque des conflits d’intérêts inavoués ou inexpliqués (inexplicables ?) prennent le pas sur la rationalité.
Le 25 Novembre 2022, le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Cote d’Ivoire se rendait à Paris pour la rentrée solennelle du Barreau de Paris. Il n’était pas seul. Une délégation était à sa suite. Un tel voyage ayant suscité pareil engouement et comité de représentation a été sans aucun doute l’occasion d’un partage d’expériences très enrichissant pour que « Abidjan soit à nouveau mouillé».
En effet, les étudiants en Droit et Juristes de Cote d’Ivoire ont tant besoin de cette pluie salvatrice en provenance d’Outre-mer pour inonder le Barreau de Cote d’Ivoire. Car, pendant que l’Ecole de Formation professionnelle des Barreaux (EFB) ou l’Ecole d’Avocats du ressort de la Cour d’Appel de Paris a célébré avec faste le 05 Janvier 2023 sa nouvelle promotion Dominique Simonnot 2022-2023 de 1566 élèves avocats, nous pleurons en Côte d’Ivoire une nouvelle année écoulée sans CAPA sans les prémices d’une éclaircie à l’horizon pour la nouvelle année 2023. Aucun examen ouvert depuis 2018 et aucun avocat depuis 2019, soit quatre et cinq années de sècheresse juridique, sans que personne n’en soit scandalisé. A qui la faute ?
L’Ordre des Avocats a visiblement démissionné de cette charge sociétale d’adouber de nouveaux Avocats pour le développement de l’Etat de Droit et du service public de la Justice. Les raisons ? seul un féticheur ou un adepte de pratiques occultes divinatoires pourraient les donner tant l’Ordre reste enfermé dans un mutisme inébranlable. Les répercussions immédiates de cette situation sont une déficience en Avocats et un système juridique et judiciaire léthargique au bord de l’implosion. Pis, de nombreux jeunes souhaitant intégrer la profession peinent à trouver ne serait-ce qu’un stage professionnel étant donné la saturation des entreprises privées et cabinets d’Avocats existants. Certains finissent par se reconvertir, ou les plus chanceux sont condamnés à vivre dans la surexploitation professionnelle en cabinet d’Avocats toute leur carrière, sans aucune possibilité d’avancement.
Il faut tirer la sonnette d’alarme et interpeller les autorités sur la situation miséreuse des étudiants en Droit et Juristes de Cote d’Ivoire. Ils sont sans recours et parvenu au seuil critique du regret d’avoir entamé des études en Droit ou de fuir cette filière, jadis noble, comme la peste.
Une pétition a été lancée le 10 Janvier 2023 à cet effet et a réussi à comptabiliser plus de 1800 signatures en moins de soixante-douze heures. Cependant, il reste énormément de choses à faire pour que le Droit en Cote d’Ivoire ne soit plus « gauche » ; parce qu’à force d’être gauche à répétition, on en devient maladroit chronique. Une société avec des institutions judiciaires et juridiques bancales et moribondes ne peut espérer prospérer ou même survivre dans ce monde moderne ultra compétitif et atteindre l’émergence économique souhaitée.
N’Guessan Clement Kouame