Crise des infrastructures numériques en Afrique : Les enjeux de la réparation des câbles.

25 mars 2024

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Tafnews

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Crédit Photo : Telecom Review Africa

Le jeudi 14 mars, une vaste partie de l’Afrique de l’ouest et du centre, ainsi que certains pays du sud du continent, ont été confrontés à d’importantes interruptions des services internet, conséquences de défaillances survenues sur quatre des principaux câbles à fibre optique qui traversent les océans du monde. Parmi les nations les plus impactées, citons le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Liberia, le Ghana, le Burkina Faso et l’Afrique du Sud. Le 15 mars à midi, la situation perdurait, avec des retards signalés dans les réparations des câbles, comme notifié par Microsoft à ses clients. En outre, les entreprises Cloudflare, spécialisée dans les infrastructures de réseau, ainsi que Netblocks, une organisation documentant les interruptions d’Internet, ont rapporté l’ampleur de ces incidents.

 

Les premiers signes de dysfonctionnement sont apparus jeudi à 5 heures, heure locale, dans le sud du Sénégal, pour ensuite se propager vers le Nigeria en début de matinée. Bien que certains pays n’aient subi que des perturbations de courte durée, d’autres, comme la Côte d’Ivoire, ont été fortement touchés. Selon les informations rapportées par le journal sud-africain News24, il est présumé que les câbles se sont rompus dans des eaux peu profondes près de la Côte d’Ivoire, où les activités de pêche sont fréquentes. Lorsque les ruptures se sont produites, le réseau a été affecté pendant plusieurs heures avant que le trafic internet ne soit réacheminé, un processus dépendant de l’existence d’itinéraires alternatifs et d’accords entre entreprises pour permettre le réacheminement. Les opérateurs Orange et MTN, principaux acteurs du secteur dans le pays, rencontrent des difficultés majeures. Seul l’opérateur Moov semble épargné par cette crise. Les chiffres rapportés par Cloudflare indiquent que seulement 15 % à 20 % du trafic Internet habituel a été enregistré en Côte d’Ivoire jeudi.

 

Face à cette situation, le gouvernement ivoirien a réagi en mettant en place une cellule de crise dédiée à la surveillance et au rétablissement des services internet dans les meilleurs délais. Les autorités évoquent des coupures de câbles à la fois au niveau local, liées à des travaux de voirie à Abidjan, et au niveau international, sur plusieurs câbles sous-marins. Les réparations nécessaires sont en cours, mais la cause exacte de la panne demeure inconnue. Cependant, dans certains pays comme la Sierra Leone et le Liberia, la plupart des câbles ne disposent pas de connexions alternatives, ce qui signifie que le trafic internet cesse lorsqu’un câble est endommagé.

 

Les perturbations observées en Afrique ces dernières années sont diverses, mais cette dernière panne est l’une des plus graves, selon Isik Mater, directrice de recherche chez Netblocks. Les conséquences de cette panne sont immenses, touchant tous les aspects de la vie, des affaires à la politique. Même si une partie des communications peut être réacheminée par satellite, cela ne représente qu’une infime portion du trafic numérique mondial. Les répercussions économiques sont également significatives, avec des pertes potentielles pour les opérateurs télécoms et les économies nationales.

 

Des sources officielles ivoiriennes par exemple indiquent que même les câbles censés servir de relais en cas de panne sont touchés, une situation décrite comme « inédite ». Microsoft souligne également l’importance de ces perturbations, aggravées par les dégâts récents sur les câbles de la mer Rouge, de l’autre côté du continent, qui ont déjà impacté la connectivité africaine.

 

Face à cette crise, les opérateurs télécoms comme MTN et Orange s’activent pour rediriger le trafic et rétablir les services. Des efforts sont déployés pour renforcer les liens terrestres et réparer les câbles endommagés, notamment ceux du West Africa Cable System, Africa Coast to Europe, SAT-3 et MainOne. Ces câbles, longs de plusieurs milliers de kilomètres, assurent la connectivité entre les pays de la côte ouest-africaine et l’Europe.

 

L’ampleur de cette panne met en lumière la dépendance croissante de l’Afrique à l’égard de ses infrastructures de connexion, cruciales pour de nombreuses entreprises du continent. Les défis techniques et logistiques pour rétablir la connectivité soulignent l’importance de la coopération régionale et internationale dans la gestion de telles crises.

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