Côte d’Ivoire/ Succession de Bédié
Le PDCI-RDA à l’épreuve du consensus
Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), s’apprête à ouvrir une nouvelle page de son histoire, le samedi 16 décembre prochain, avec le 8e congrès extraordinaire à l’issue duquel, le parti va se choisir un nouveau président pour succéder à Henri Konan Bédié, brusquement arraché à l’affection des siens, le 1er Août 2023.
A 14 jours de cet important rendez-vous, les préparatifs vont bon train. Plusieurs structures à cet effet, ont été mises en place à savoir, un comité d’organisation, un comité électoral et un collège de conciliation et de recherche de consensus. Ce collège est supervisé par l’actuel président par intérim du parti, le professeur Philippe Cowppli-Bony.
Si dans la pratique et conformément aux textes du parti, le nouveau président doit être issu d’une élection, les militants dans leur majorité, le président par intérim Philippe Cowppli-Bony en tête, rêvent d’un consensus qui aura l’avantage de préserver l’unité du parti sexagénaire sérieusement fragilisé par le décès inattendu de son guide.
Malheureusement, entre le rêve et la réalité de ce que pour le moment, il nous est donné de voir sur le terrain, il y a un fossé. En effet, à ce jour, le comité électoral présidé par l’ancien ministre des Affaires Étrangères, Jean-Marie Kacou Gervais a réceptionné cinq candidatures. Il s’agit respectivement de l’actuel secrétaire exécutif Maurice Kakou Guikahué, de l’un des vices-presidents Noël Akossi Bendjo, du maire de Cocody Jean-Marc Yacé, d’un autre vice-président en la personne de Moïse Koumoué Koffi et de l’ancien ministre Tidiane Cheick Thiam.
Ces cinq candidats déclarés, depuis le dépôt de leurs candidatures, ont investi le terrain. Chacun y va de ses arguments et de ses ressources pour convaincre les militants de lui accorder leur confiance, le 16 décembre prochain. Et lorsque la question du consensus surgit, tous se montrent évasifs. Mieux, chaque candidat souhaite voir ce consensus se faire autour de sa personne. Personne pour le moment, n’est prête à privilégier l’intérêt supérieur du parti en acceptant le sacrifice au profit de l’autre.
Le président par intérim Philippe Cowppli-Bony lui, continue de croire en ce consensus. Le 19 novembre dernier, il a convié les cinq candidats à une rencontre en vue de parvenir à cette fin. Ce vendredi 1er décembre, il a eu une seconde rencontre avec les cinq prétendants. Si rien d’officiel n’a pour le moment filtré de cette deuxième séance de travail, certaines indiscretions au niveau du plus vieux parti politique ivoirien, annoncent que si consensus il doit y avoir, cela se fera autour du candidat le plus offrant en matière de CV politique.
Or, de tous ces cinq prétendants, celui qui a la plus grosse expérience dans les arcanes de la maison vert et blanc, c’est incontestablement le professeur Maurice Kakou Guikahué. Membre du bureau politique depuis 1991 sans discontinuer, il est le secrétaire exécutif du parti et a une parfaite maîtrise de la formation politique sexagénaire.
Cette idée toutefois, n’emballe guère les militants qui aspirent à une rupture à la tête du PDCI-RDA. Ils veulent du sang neuf, un président en somme, qui peut faire mordre la poussière au RHDP, le parti au pouvoir, lors des présidentielles de 2025. Ils ne trouvent donc pas en Maurice Kakou Guikahué, cet homme de rupture, incarnant le renouveau tant souhaité.
La nouvelle génération elle, ne jure que par Tidjane Thiam, dont la candidature suscite énormément d’enthousiasme. Pour cette génération, il est l’homme idéal pour diriger le PDCI-RDA et au-delà, la Côte d’Ivoire, vu les grosses qualités et compétences dont il a fait montre à l’international. Mais là encore, il faudra attendre que sa candidature soit validée par le comité électoral, lui qui a été absent du pays pendant 22 ans. D’ailleurs ses détracteurs remettent en cause sa participation régulière pendant dix ans au sein du bureau politique du PDCI-RDA. C’est pourtant une condition à remplir pour briguer la présidence du parti.
Philippe Cowppli-Bony réussira-t-il à obtenir le consensus autour d’un candidat lors du 8e congrès extraordinaire du PDCI-RDA ? Wait and see comme on dit.
