Côte d’Ivoire: Obsèques du président Henri Konan Bédié, la république unie dans la douleur et le recueillement autour de la dépouille de l’ex-chef d’État ivoirien
La dépouille du président Henri Konan Bédié lors de la levée de corps sur le parvis de la cathédrale Saint-Paul du Plateau
Photo: abidjan.net
Décédé le 1er Août 2023, les obsèques du président Aimé Henri Konan Bédié, entamées le dimanche 19 mai dernier, étaient à leur cinquième jour, ce jeudi 23 mai 2024. Elles ont été marquées par deux phases importantes à savoir, la cérémonie de levée de corps très tôt, ce jeudi sur le parvis de la Cathédrale Saint-Paul du Plateau, suivie de la messe de requiem.
La cérémonie de levée de corps a vu la présence du chef de l’État Alassane Ouattara et son épouse, le Premier ministre Robert Beugré Mambé, des présidents d’institutions, des membres du gouvernement, des présidents des partis politiques et de plusieurs personnalités religieuses, coutumières et de la société civile, venus soutenir la famille biologique et politique de Feu Henri Konan Bédié, après s’être recueillis devant sa dépouille mortelle.
Juste après la cérémonie de la levée de corps, tous se sont retrouvés dans l’enceinte de la cathédrale Saint Paul d’Abidjan-Plateau, (à l’exception du chef de l’État Alassane Ouattarareparti après la levée de corps), où une messe de requiem présidée par Monseigneur Jean-Pierre Cardinal Kutwa, désormais administrateur apostolique d’Abidjan, a été dite en la mémoire de l’illustre disparu.
Dans son homélie, Jean-Pierre Cardinal Kutwa a indiqué que l’ancien président de la république de Côte d’Ivoire de 1993 à 1999, a répondu à l’invitation du Seigneur en passant de “l’autre bord”. “Cette invitation à aller de l’autre bord, s’adresse à chacun de nous, à un moment ou à un autre de notre existence, et nul ne peut y échapper : elle s’adresse aux hommes et aux femmes de tous les temps, aux vivants surtout, les invitant durant leur pèlerinage terrestre, à revoir sans cesse quelle est leur échelle de valeurs, à comprendre que dans la vie de tous les hommes, s’il y a des choix fondamentaux à faire, ils doivent avoir des priorités, parce que la terre n’est pas et ne sera jamais leur destination finale !”, a exhorté le prélat.
Pour l’homme de Dieu, « Aller de l’autre bord », “c’est dans une certaine mesure le chemin emprunté par celui pour qui nous sommes réunis ici ce matin, et que nous voulons accompagner de nos prières ferventes, afin que par la miséricorde de Dieu, il repose en paix !”. Il a profité de l’occasion pour exprimer et traduire sa proximité à la veuve Henriette Bédié, à ses enfants, à sa famille biologique et aux familles alliées, à sa formation politique ainsi qu’à la nation toute entière sans oublier tous ceux qui sont meurtris par “la brusque et tragique disparation de celui qui a présidé aux destinées de notre pays et qui l’a servi de bien de manières et pendant de longues années !”.
« Aller de l’autre bord, c’est également passer par le chemin de la mort, cette grande faucheuse qui ne fait acception de personne, et qui impose à tous des ruptures causant des souffrances très souvent difficilement supportables, parce que la mort, à laquelle on ne peut jamais s’habituer, nous déchirera toujours profondément en nous laissant sans défense”, a-t-il ajouté.
S’appuyant sur l’évangile tiré de Jean 17:11, soumis à la méditation de l’assistance, Monseigneur Jean-Pierre Cardinal Kutwa a déclaré: “ Alors que le président Bédié nous quitte, je me permets de mettre sur ses lèvres, et de reprendre pour notre compte, les paroles de Jésus que nous avons entendus dans l’évangile proposé à notre méditation : « désormais, je ne suis plus dans le monde; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. Père saint, garde-les unis dans ton nom… pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. » Jean 17, 11. “A la suite de la prière de Jésus, je voudrais nous exhorter, ivoiriennes et ivoiriens, habitants de ce pays, à prendre notre part à l’œuvre de Dieu qui fait de nous un seul peuple uni par les mêmes aspirations, qui partage la même espérance et vivant de la même charité. Oui, cela est possible !”, a exhorté encore une fois l’administrateur apostolique d’Abidjan.
L’homme de Dieu pour finir, a invité les uns et les autres à avoir confiance en Dieu et à faire sienne cette prière de Jésus demandant à Dieu de faire en sorte que ses disciples soient un. “Décidons, en mémoire de celui que nous pleurons, de nous mettre ensemble, d’accepter nos différences, de regarder plutôt ce qui peut nous unir et d’ignorer in fine, ce qui pourrait mettre à mal notre cohésion. En effet, combien cela serait gratifiant et reposant pour nos communautés, nos familles, notre pays, que tous nous vivions en parfaite intelligence, en nous enrichissant mutuellement de nos différences. Avec Toi Seigneur, cette unité est possible ! …Qu’ils soient un, comme nous-mêmes ! » Plus qu’un simple vœu, une prière à confier au président Bédié qui nous devance ! » …Qu’ils soient un, comme nous-mêmes ! » Une prière à faire nôtre désormais”, a conclu le nouvel administrateur apostolique d’Abidjan.
Les obsèques au président Henri Konan Bédié (1934-2023), connaitront, ce vendredi 24 mai une autre étape importante, avec la cérémonie solennelle d’hommage de la république à l’illustre disparu au palais présidentiel.
D’autres étapes importantes suivront jusqu’à son inhumation le 1er juin prochain à Pepressou, son village natal dans l’intimité familiale.
Thom Biakpa