Comprendre la précarité menstruelle et participer à améliorer la condition des femmes
A l’âge de la puberté, les filles vivent un évènement qui bouleverse leurs vies : l’apparition des premières règles. Afin de faire face à ce grand changement, elles doivent disposer des conditions adéquates. Hélas, dans plusieurs zones du monde dont l’Afrique, l’accès aux produits d’hygiène menstruelle est difficile. Focus sur ce sujet encore d’actualité.
Pour plusieurs jeunes filles, la période des menstrues est une véritable épreuve. Partagées entre douleurs menstruelles et difficultés d’accès aux protections hygiéniques, elles peinent à participer aux activités quotidiennes.
La précarité menstruelle désigne les difficultés d’accès des personnes réglées à des protections hygiéniques et aux antidouleurs. Elle est causée par le coût élevé des protections hygiéniques pour les populations vivant en dessous du seuil de pauvreté et l’accès difficile à l’eau potable dans certaines zones reculées du continent, ce qui augmente le risque d’infection.
De plus, le grand tabou des règles qui désacraliseraient les choses sacrées perdure encore. Cette situation rend encore plus difficile la situation car les jeunes filles ne sont pas toujours à l’aise pour parler de leurs règles de peur d’être stigmatisées. En 2023, il existe encore des femmes qui par manque de moyens sont obligées de déchirer les pagnes servant à leur habillement pour les utiliser comme protections hygiéniques.
Pour Cécile Yougbaré, référente plaidoyer droits et santé sexuels et reproductive Afrique chez médecins du monde : ”L’hygiène menstruelle est une question de droit, de dignité et de sécurité”. La précarité menstruelle a un impact considérable sur la santé, l’estime de soi et même le train de vie quotidien. En effet, selon quelques chiffres de l’UNICEF, en Côte d’Ivoire, 20% des filles ne peuvent plus se rendre à l’école durant leurs périodes menstruelles. Dans plusieurs écoles, disposer d’eau potable, d’un endroit privé et propre pour se changer ou se laver n’est pas toujours possible.
Face à cette problématique, plusieurs activistes, organisations non gouvernementales (ONG) et pouvoirs publics ont décidé de se joindre à la lutte pour offrir à toutes les femmes une hygiène menstruelle digne. Le 28 mai, déclarée journée mondiale de l’hygiène menstruelle est un bel exemple des actions menées. Cette journée vise à briser les tabous mais aussi sensibiliser les adolescentes sur l’importance d’utiliser des protections hygiéniques appropriées. Plusieurs associations et personnes de bonne volonté participent aussi à la lutte en récoltant des fonds pour que les jeunes filles ne soient plus obligées d’utiliser des morceaux de chiffon, de papier ou des pagnes pendant leurs menstrues et qu’elles puissent aller à l’école sereinement.
D’autres solutions plus durables et plus écologiques telles que les serviettes hygiéniques lavables et les cups menstruelles ont également vu le jour. A travers le continent, plusieurs collectes sont organisées pour offrir des produits d’hygiène menstruelle aux femmes et filles des couches sociales défavorisées.
Les problèmes de précarité menstruelle ne peuvent être résolus de façon immédiate. C’est un défi persistant qui nécessite une action urgente. Il faut sensibiliser, éduquer et fournir un accès abordable aux produits d’hygiène afin de briser les barrières et améliorer la vie des femmes et filles qui souffrent chaque mois. Tous autant que nous sommes cette lutte nous concerne, nous devons travailler à créer un monde où chaque femme et fille peut vivre ses menstrues dans la dignité et la propreté.