Célébration – La France commémore l’abolition de l’esclavage le 10 mai. Quelle interprétation pour les africains ?
L’initiative a été lancée par le gouvernement français en 2006 en souvenir de sa condamnation de la traite négrière et du rôle de Paris dans la spoliation des noirs. La classe politique et intellectuelle du continent peu convaincue du projet dans une situation de néocolonialisme visible.
Le site du ministère français de l’éducation nationale et de la jeunesse dresse son rapport de la date : ‘’ Le 10 mai est la journée des mémoires et de réflexion sur la traite, l’esclavage et leur abolition. Des actions sont mises en œuvre en lien avec le Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage (CNMHE)… La France est le premier État et demeure le seul qui, à ce jour, ait déclaré la traite négrière et l’esclavage ‘’ crime contre l’humanité’’.
Pour certains, cette reconnaissance n’aurait de sens que dans les discours.
‘’ La France essaie de payer sa dette morale en inscrivant dans son agenda stratégique la journée du 10 mai comme étant un symbole de ses regrets, de sa réconciliation avec les noirs d’Afrique, au regard de son action directe dans la traite négrière. Mais dans le fond, elle continue d’entretenir ses pratiques de domination dans les accords militaires, économiques et culturels’’, avance Daniel Abwa, historien et enseignant d’université.
‘’ Le FCFA est une forme avancée de la traite négrière et de l’esclavage moderne. La France se montrerait plus efficace dans sa démarche si elle rompt cet accord monétaire suicidaire pour nos États francophones. Aucune justice n’est entreprise par la France pour purger le passé douloureux des africains, otages de la coopération bilatérale avec la France’’ selon Aimé Cyprien Olinga, économiste et dirigeant du Front Démocratique Révolutionnaire (FDR), une formation de l’opposition camerounaise, qui exige de Paris des mesures concrètes pour traduire sa bonne foi en rapport avec la commémoration de l’abolition de la traite négrière.
Il apparait ainsi que cette journée, loin de susciter une adhésion massive, pose encore des interrogations, et notamment du côté des africains, qui pour beaucoup restent dubitatifs.
Tchuisseu Lowé