« Ce ne sont pas des mercenaires, c’est évident » : les propos forts du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres sur la détention des 46 soldats ivoiriens par le Mali
Arrêtés à l’aéroport de Bamako le 10 juillet 2022, la situation des 49 soldats ivoiriens détenus par la junte militaire au pouvoir au Mali depuis 2020 s’est rapidement transformée en une crise diplomatique entre les deux États.
Inculpés par la justice malienne en août dernier pour tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, Abidjan assure qu’ils étaient en mission pour l’ONU, dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Mission des Nations Unies au Mali (Minusma),
Les 49 soldats ivoiriens avaient été qualifiés de « mercenaires » par le Mali. Depuis lors, de nombreuses médiations ont été engagées dont l’une par le chef d’Etat Togolais, qui a conduit à la libération de 3 soldates le 03 septembre, un « geste humanitaire » venant du Mali.
Alors que les choses allaient bon train, la situation s’est encore envenimée lorsque le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta a subordonné la libération des 46 autres soldats à l’extradition de personnalités maliennes vivant en Côte d’Ivoire, une requête considérée comme un « chantage inacceptable » par Abidjan qui qualifie la détention de ses soldats de « prise d’otage ».
Suite à ce énième retournement de situation, les autorités ivoiriennes après une réunion du conseil national de sécurité ont invoqué le recours à un sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans les plus brefs délais.
Informées de la volonté des autorités ivoiriennes de recourir à l’instance communautaire, les autorités maliennes, par biais du premier ministre par intérim, le colonel Abdoulaye Maïga ont déclaré que l’affaire « est purement judiciaire et bilatérale » tout en mettant en garde contre toute instrumentalisation de la CEDEAO par les autorités ivoiriennes pour se soustraire à leur responsabilité vis-à-vis du Mali, ajoutant que la médiation amorcée par le Togo est « l’unique cadre de règlement du dossier ».
Dans ce climat de crise, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres lors d’une interview accordée à France 24 et RFI le dimanche 18 septembre 2022 a déclaré que, les militaires arrêtés à Bamako ne sont pas des mercenaires : « Non, ce ne sont pas des mercenaires et c’est évident. J’ai fait appel aux autorités maliennes pour que ce problème puisse se résoudre. On est en contact permanent avec eux. Je n’ai pas parlé directement avec Goita, mais je vais recevoir la délégation du Mali et c’est une chose qui est pour moi très importante. Il faut résoudre ce problème. ».
Dans ce dossier, l’ONU avait reconnu des « dysfonctionnements » dans une note adressée au gouvernement malien et admis que certaines mesures n’avaient pas été suivies.
Ces propos du secrétaire général de l’ONU viennent contredire les accusations de Bamako, et semblent donner un nouvel élan à cette crise qui s’est transformée en un bras de fer entre les deux États.
La diatribe du premier ministre malien lors de l’Assemblée Générale des Nations Unies n’est pas faite pour arranger les choses.
Nous reviendrons très vite sur ce dernier point.