Affaire ressortissants subsahariens en Tunisie
“La présence de ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne en Tunisie est source de violence, de crime et d’actes inacceptables”. Tels sont les propos tenus par le président tunisien Kaïs Saïed au cours d’une réunion du Conseil de sécurité nationale, prônant ainsi des mesures urgentes contre l’immigration clandestine d’Africains subsahariens dans son pays.
« Il existe un plan criminel pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie et certains individus ont reçu de grosses sommes d’argent pour donner la résidence à des migrants subsahariens », a-t-il poursuivi dans la suite de son communiqué signé de la présidence de la République.
Suite donc aux propos de Kaïs Saïed, plusieurs violences ont été enregistrées notamment dans la ville de Sfax à l’Est du pays: des victimes blessées après des descentes dans leur résidence par des jeunes Tunisiens.
À Ouardia, un centre de détention administratif à Tunis, une cinquantaine de migrants n’ayant pas de statut juridique clair dans la loi tunisienne auraient été retenus.
Les associations tunisiennes et subsahariennes ont enregistré ces dernières semaines de nombreux cas de migrants expulsés de leur lieu d’habitation.
Sur les réseaux sociaux, des images de ressortissants subsahariens violentés et agressés ne cessent d’être vues, créant ainsi la révolte entre la Tunisie et les pays subsahariens.
Le Ministre tunisien de l’intérieur a démenti les informations qui circulaient. Il n’a pas omis de préciser que les autorités ne faisaient qu’appliquer la loi sans discrimination.
Le chef de la diplomatie tunisienne Nabil Ammar a défendu les propos de Kaïs Saïed. Pour lui l’interprétation faite par l’opinion générale est erronée.
« la migration illégale pose des problèmes dans tous les pays, le fait de reconnaître qu’il y a un problème ce n’est pas un discours haineux du tout… ce sont des accusations que nous rejetons », a-t-il fait savoir.
Au vu de tout cela, l’Union Africaine a condamné fermement les déclarations jugées choquantes, faites par les autorités tunisiennes contre des compatriotes africains qui selon le Président de l’Union : « vont à l’encontre de la lettre et de l’esprit de notre Organisation et de nos principes fondateurs ».
Le Représentant permanent de la Tunisie accrédité auprès de l’Union Africaine a été dans cette veine, reçu par la vice-présidente Dr Monique Nsanzabaganwa et la commissaire de l’UA pour la santé, les affaires humanitaires et le développement social, Minata Samate quant à la forme et le fond de la déclaration ciblant des compatriotes africains, notamment leur statut légal dans le pays.
Le Président de la Commission de l’Union Africaine, Son Excellence Moussa Faki Mahamat a rappelé à tous les pays, particulièrement ceux membres de l’Union Africaine, à honorer les obligations qui leur incombent en vertu du Droit international et des instruments pertinents de l’Union Africaine à savoir: traiter les migrants peu importe leur origine avec dignité, éviter les propos haineux à caractère raciste susceptible de nuire aux personnes et accorder la priorité à leur sécurité et à leurs droits fondamentaux.
Les associations de ressortissants maliens, nigériens, ivoiriens, appellent leurs compatriotes à éviter de prendre le métro.
Les étudiants africains désertent donc les cours et restent terrés chez eux par peur des arrestations et des agressions.
Les pays subsahariens notamment la Guinée, de par son Ministre des affaires étrangères s’est exprimé en appelant au calme en Guinée mais aussi en incitant les Guinéens de Tunisie à être prudents. Un 1er vol a permis le retour de 49 Guinéens dans leur pays.
En Côte d’Ivoire, l’ambassade a ouvert grandement ses portes aux ressortissants, mieux des dispositions ont été prises pour permettre à ceux en situation d’irrégularité de regagner la mère patrie. Le 1er convoi d’Ivoiriens est arrivé le samedi 4 mars.
Malgré une manifestation de soutien aux migrants, la situation reste difficile pour les subsahariens vivant sur le sol tunisien.